Selon toute vraisemblance, l'origine du papier se situe en Chine vers le début du IIe siècle de notre ère. En l'an 105, un officier chinois du nom de Tsaï-Lun, habitant de la province de Canton, semble avoir été e premier à mettre en oeuvre un procédé réunissant diverses matières végétales, bambou, chiffon de chanvre et de coton. Ce processus fut gardé secret jusqu'en 751, époque où se déroula, près de Samarcande, une bataille entre Chinois et Arabes. A l'issue de cet affrontement, ces derniers firent des prisonniers, et parmi eux on repéra quelques artisans papetiers. Ainsi, les Arabes jetèrent les bases d'une véritable industrie papetière, qui parviendra jusqu'à nous, empruntant la filière classique de la route des caravanes.
Après que Tsaï-Lun eut présenté son invention à l'empereur Ho, de la dynastie des Hans Postérieurs, le procédé ne tarda pas à se répandre dans plusieurs contrées de la Chine. Le territoire étant vaste et la matière première abondante, chaque région possédait ainsi sa recette. Le processus de fabrication du papier chinois ne diffère guère de celui utilisé en Occident, si ce n'est par la composition de la pâte. En effet, les Chinois ont substitué la pâte de mûrier et de bambou à celle qui nous est plus familière, constituée en majeure partie de chiffons de chanvre ou de lin. Notons toutefois que ce mûrier à papier, Broussonetia papyrifera, représente une variété de celui dont les feuilles servent à nourrir les vers à soie.
Ci-dessus : photo d'une fleur de Broussonetia papyrifera prise dans la rue des Bouisses (Montpellier), juste à côté de chez moi !
Cet arbre doit son nom à Pierre-Marie Auguste Broussonet (1761-1807), botaniste français qui fut le premier à introduire des pieds femelles de mûrier à papier de Chine à la fin du XVIIIe siècle. Broussonet obtint son titre de docteur en médecine à Montpellier en 1779, année où il présenta son premier mémoire consacré aux poissons.
Dès l'époque Tang (618-907), cet arbuste que les Chinois nomment Shu (1er ton), fut cultivé d'une manière intensive. L'écorce du Broussonetia ne figure pas seule parmi les ingrédients à entrer dans la composition du papier ; citons également des cocons de soie, des jeunes pousses de riz, des lianes ou de la mousse. Le papier chinois constitue un matériau incomparable pour le tracé à l'encre de Chine. Une des qualités essentielles de ce support réside dans sa capacité d'absorption et d'arrêt soudain de l'encre. Néanmoins, dans certains travaux de précision (peintures, dessins), le papier oriental peut être préparé à l'aide d'une solution de colle de peau afin d'en atténuer le pouvoir absorbant. Cette sorte de papier se nomme Gong bi en chinois.
De nos jours, le type de papier le plus courant destiné à la calligraphie, la peinture ou le montage est le Xuan Zhi (宣纸). On en fabrique de nombreuses variétés : le veiné, très apprécié des calligraphes, qui se caractérise par ses fines vergeures et son velouté.
Notons en dernier lieu que l'appellation "papier de riz" servant à désigner le papier oriental dans son ensemble constitue un abus de langage. En effet, il existe un papier de cette sorte, mais ce dernier semble surtout réservé à certains travaux mineurs en raison de sa couleur ocre et de sa grande fragilité.
Source : "Calligraphie", de Claude Mediavilla, aux Éditions Imprimerie Nationale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de votre participation. Après modération, votre commentaire paraîtra dans les 24 heures.