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Bandeau théière calli

Bandeau théière calli

mardi 23 juillet 2013

Lanternes célestes

Appelées également lanternes chinoises, lanternes thaïlandaises ou encore lanternes volantes, les lanternes célestes, ces ravissants bijoux de papier coloré sont utilisées les soirs de fêtes en Asie du Sud-Est depuis plusieurs centaines d'années. Ces petites montgolfières d'à peine plus d'un mètre de haut, sont en papier de riz (inifugé bien souvent) que l'on a fixé sur un cercle de bambou. Situé à la base et au centre, le brûleur constitué de papier/carton/coton imbibé de parafine est relié au cercle de bambou par 4 fils de métal ou tiges de bambou. Le principe est simple : l'air chaud dégagé abaisse sa densité, ce qui fait s'élever la lanterne. Leur durée de vie est en moyenne de 5 minutes et l'altitude atteinte varie de 200 à 500 mètres.

Le premier ballon à air chaud célèbre, la "Lanterne Kongming" (孔明燈), vit le jour, pardon, la nuit, en Chine pendant la dynastie des Trois Royaumes,  entre 181 et 234 de notre ère. Le grand stratège et Premier Ministre des Shu, Zhūge Liàng (諸葛亮 ou 諸葛孔明), décida d'utiliser des lanternes volantes à des fins de signalisation militaire. Cependant, l'historien scientifique sinologue britannique Joseph Needham (1900-1995) était persuadé que les Chinois utilisaient déjà ces lanternes 500 ans auparavant.

En Chine, les lanternes célestes sont devenues tellement populaires, notamment auprès des plus jeunes, qu'on finit par s'en servir lors des fêtes traditionnelles, ce qui est également le cas en Thaïlande. On en lâche souvent un grand nombre lors des anniversaires et des mariages  et surtout, lors de chaque pleine lune de novembre pour la fête des lumières. On dit que les voeux que l'on prononce en lâchant une lanterne se réaliseront dans l'année. Lors de décès, ces ballons lumineux symbolisent la montée de l'âme du défunt vers le ciel.

Le 15 du premier mois lunaire de chaque année a lieu la FETE DES LANTERNES en Chine. On la nomme yuán xiāo jié / 元宵节. Elle marque la fin de la célébration du nouvel an. L'origine de cette fête remonte à la dynastie des Han, au début de notre ère, époque où le bouddhisme était très populaire dans l'Empire du Milieu. L'empereur avait ordonné d'allumer des lanternes dans tous les temples et tous les palais afin d'honnorer Bouddha.
Durant la dynastie des Song du Nord (960-1127), des lanternes étaient portées par des danceurs cachés dans des dragons de papier, ce qui est courant de nos jours pendant les fêtes du Nouvel An.

D'un autre côté, une légende veut que le fils du ciel, l'Empereur de Jade, voulait se venger de la mort accidentelle d'un de ses oiseaux favoris provoquée par un chasseur. Pris d'une colère vive, il souhaitait détruire la cité. Une fée entendit son souhait et prévint le peuple, leur demandant d'allumer des lanternes dans toute la ville le jour prévu, ce que les habitants firent. Voyant de loin ces feux brillants, l'Empereur crut que la ville était en train de brûler. Satisfait, il s'en fut. Depuis ce jour, les gens ont pris l'habitude de célébrer le jour anniversaire de leur délivrance en transportant des lnternes dans les rues lors de la première lune de l'année. La tradition veut que l'on écrive des devinettes sur des bouts de papier que l'on colle dans les lanternes ou sur les murs de la ville.

yuán xiāo / 元宵 est le nom donné aux boules de farine de riz glutineux farcies de pâte de prunes ou de haricot noir, que l'on mange en dessert lors de cette fameuse fête. Ces friandises qui ressemblent à des globes oculaires sont cuites quelques minutes dans l'eau bouillante avant d'être servies. Ce nom viendrait du nom d'une servante de l'Empereur Wu Di de la dynastie Han.
J'ai appris que ces lanternes avaient fait parler d'elles en France, en 2008, après que des observateurs eurent signalé des OVNI au-dessus de l'île d'Yeu. Voir l'article du Figaro intitulé "Ile d'Yeu, le mystère enfin élucidé", . Il s'agissait, en réalité, de lanternes volantes lâchées par des touristes qui revenaient de Thaïlande. En 2010, des signalements équivalents furent rapportés dans le nord et on découvrit qu'il s'agissait, là encore, de lanternes célestes. Et pas plus tard que vendredi dernier, des amis et moi avons eu la surprise d'en voir une dans le ciel (alors que leur lâcher est interdit par la Préfecture de l'Hérault à cause des risques d'incendie). Cette apparition nous a beaucoup intrigués et c'est Sébastien qui a soupçonné qu'il s'agissait d'un de ces ballons merveilleux. Pour ma part, je n'en n'avais jamais vu avant.
 
Le dessin animé Raiponce ("Tangled") de Byron Howard, sorti en 2010, comporte une scène charmante avec ces jolis lampions nocturnes. J'imagine que ceci a grandement participé à populariser ces lanternes en Occident.

 
Plusieurs sites vendent des lanternes chinoises en ligne. On en trouve de différentes teintes et de différentes formes, avec des qualités variables. Pour des raisons de sécurité, on préférera celles en papier ignifugé, à amorce douce, type carton imbibé de parafine. Et surtout, il convient de respecter les règles d'utilisation et les autorisations préfectorales en vigueur. Plusieurs lancés ont eu lieu lors de ZAT (Zones Artistiques en Transit) à Montpellier.

dimanche 21 juillet 2013

Chronologie des dynasties chinoises





NB : Avant la dynastie Shang (haut du tableau), l faut ajouter la Dynastie Xia, qui n'apparait pas dans le tableau (2100-1600 av. J.C.)
Source : Introduction à la Chine, Charis Chan - Guide Olizane - 1996



Source : Song Yulin




Ateliers et stages : calligraphie et peinture


Mon amie Sophie souhaite vous informer de la tenue d'ateliers de calligraphie chinoise et de stages de peinture chinoise à Montpellier (à proposer à vos amis, élèves, aux adeptes de discipline taoïstes ou à vos connaissances, d'où qu'elles soient) :

J'anime à nouveau des ateliers d'initiation à la Calligraphie chinoise, entièrement gratuits,
à Pierresvives, aux Archives, Atelier de l'Histoire,

Montpellier
entre 10h30 et 12h30, les :
mercredi 24 juillet         mercredi 31 juillet
vendredi 26                   vendredi 2 août
samedi 27 juillet            samedi 3 août

Réservations au 04 67 67 37 00
Matériel fourni sur place.



Et d'autre part, voici les dates de stages de peinture chinoise
chez Sun Shanshan, mon professeur :
30, 31 juillet et 1er août 2013 (au choix)
journée entière de 9h à 12h et de 14h à 17h
15 €uros de l'heure, soit 90 € / jour
Repas de midi offert sur place...
35, rue de la Valfère, Montpellier

Vous pouvez prendre contact avec lui au
04 67 66 77 46 ou 06 76 93 35 45
son e-mail : sunshanshan@hotmail.fr"

Sophie Liottier


Image importée de : http://anciens.inalco.free.fr/201004_Voigt_aff_Mairie.htm
(Inalco = Institut Ntional des Langues et Civilisations Orientales, plus connu sous le nom de "Langues'O")

samedi 20 juillet 2013

Perdre son chemin (mílù) 迷路



C'est un recueil de courtes nouvelles écrit en 1991 par A Cheng (Editions de l'Aube), traduit en 1996 par Noël Dutrait, aidé, pour certains passages délicats, par MM. Jiang Mingbao et Hu Sishe.

Je viens de refermer le petit livre et j'en garde une sensation unique. C'est une chance que de tomber sur ces écrits mêlant poésie et réalisme. Plus qu'un livre, ces nouvelles constituent des instantanés de sensations immédiates, auditives et visuelles, à des moments que personne d'autre que A Cheng n'aurait eu l'idée de graver sur du parchemin. Une écriture qui va a l'essentiel, au ressenti pur, comme le ferait le pinceau du calligraphe aguéri.

Les nouvelles :

  • Perdre son chemin
  • Un banquet
  • La couchette
  • L'idiot
  • Au fil du chemin :
     Le ravin
     Le pont de corde
     Le bain
     Forêt profonde
     Montagnes enneigées
     Fond du lac

De prime abord, le texte m'a semblé très brut. Ce n'est qu'après plusieurs pages que je me suis rendue à l'évidence : il s'agissait là d'une oeuvre majeure d'un impressionniste de l'écriture. En quelques touches, A Cheng nous dévoile une toile qui représente un moment choisi de l'âpre vie rurale. A la manière d'un ethnographe, il réussit à faire ressortir les caractères saillants de situations quotidiennes ou de rencontres au bord d'un chemin. Le dénuement même des personnages converge avec la rigueur de la condition dans les campagnes pour nous présenter une famille, la nature, comme une universalité esthétique où la rugosité même fait ressortir l'extraordinaire et la simplicité de chaque petit moment de vie. Ceci est particulièrement saisissant dans la 2ème partie des récits "Au fil du chemin" (ma préférée : "Le pont de corde").

Extrait (dans : L'idiot) : 

"Mal à l'aise, je regardai Xiao Wen. J'allais ouvrir la bouche quand Yan Xing demanda soudain :
- Qui a fait cette calligraphie ?
Xiao Wen avait baissé la tête quand je m'étais levé. Elle la releva aussitôt et dit joyeusement :
- C'est mon père.
- Elle est belle, déclara Yan Xing en rougissant un peu.
Plissant les yeux, Lao Li but une gorgée d'alcool puis dit, les lèvres brillantes :
-Hum, cela fait déjà pas mal d'années.
- Le restaurant à côté de notre travail, dit Xiao Wen, eh bien, c'est mon père qui a peint son enseigne.
Yan Xing poussa une exclamation admirative en regardant Lao Li. Celui-ci leva ses baguettes et l'invita à manger. Toute contente, Xiao Wen évoqua ensuite un certain nombre d'enseignes que son père avait peintes. Yan Xing regardait Lao Li avec une admiration grandissante.
Ce dernier leva sa tasse vers moi en signe de défi :
- Et si tu nous faisais la critique de cette calligraphie ?
Plaisantant à moitié, je répondis :
- Je suis incapable de porter un jugement sur ta théorie des habits.
- Moi, je vais faire cette critique, s'écria Xiao Wen en agitant les mains. Je sais commenter les calligraphies de mon père.
- Toi ? demanda Yan Xing. Quand tu me laisses un mot, je n'arrive même pas à comprendre ce que tu as écrit.
Accusée, Xiao Wen se fourra dans la bouche la pointe de ses baguettes, puis répondit en se tortillant sur sa chaise :
- Tu n'y connais rien, c'est du style cursif !
- Eh bien, il ne faudra pas m'en vouloir si un de ces jours je me trompe d'endroit pour venir à ton rendez-vous.
Tout le monde éclata de rire."

A Cheng (阿城) est connu pour sa "Trilogie des rois" dont "Le roi des échecs" (1984), qui, à sa parution, a bousculé le milieu littéraire chinois. L'écrivain est né à Beijing en 1949. Dans la préface du "Roi des Echecs", A Cheng se présente à sa façon facétieuse : "Je m'appelle Acheng, nom de famille : Zhong... Né le jour de la fête de Qingming, je suis arrivé comme par étourderie au moment où les chinois célébraient leurs morts... Six mois plus tard était fondée la République Populaire de Chine. Ainsi peut-on dire que j'appartiens à l'ancienne société..."

Commentant le prénom que lui ont choisi ses parents, dont il a fait son nom de plume (en deux caractères séparés), il explique que ce prénon, Acheng, était très ordinaire mais qu'il traduisait l'intention de ses parents de commémorer la réussite de la stratégie révolutionnaire de Mao Zedong qui consistait à faire encercler les villes par la campagne. C'est qu'après une enfance tranquille parmi des intellectuels du cinéma, en 1966, lorsque commence la révolution culturelle, ses parents et lui sont envoyés à la campagne ; âgé de 17 ans, il faisait partie des "jeunes instruits" (知青) qui y passèrent un peu plus d'une décennie.

En 1979, A Cheng rentre à Beijing. Son entourage l'encourage à continuer de raconter des histoires, choses qu'il sait fort bien faire. Puis il décide de se lancer dans l'écriture de scénarios. La version cinématographique du "Roi des échecs" sort en 1986 ; c'est une réussite.

Modeste et simple, A Cheng se décrit ainsi : "En 1979, je suis rentré à Pékin où je me suis marié. J’ai trouvé un travail, j’ai eu un enfant… Une telle expérience ne dépasse pas l’imagination d’un Chinois moyen. J’ai vécu comme tout le monde, et je vis comme tout le monde, à la seule différence près que j’écris. Pour subvenir aux dépenses familiales, j’envoie les textes là où on les imprime... Comme un menuisier qui part chaque jour au travail, je suis un artisan. Je suis comme tout le monde, je n’ai rien de différent."


vendredi 19 juillet 2013

五花茶 - Thé aux 5 fleurs

La semaine dernière, je suis allée au grand magasin Paris Store, à Saint-Jean-de-Védas, avec Mathieu, qui souhaitait racheter des nouilles parfumées car ils en ont un grand choix. Il voulait aussi des canettes de Vinto, ces drôles de boissons gazeuses que l'on trouve dans les magasins indiens et qui ont un goût de Malabar.

De mon côté, je me suis fait une petite gâterie : un flacon de 50 cl de thé aux 5 fleurs (五花茶 - wu hua cha). C'est la première fois que j'en goûte (à boire très frais). Résultat des courses côté arômes : mention Bien. En plus, les propriétés des fleurs en question sont intéressantes. Pourquoi cette boisson dans un article sur la culture ? Tout simplement parce que j'estime que ses propriétés font partie de l'armada de la médecine chinoise, que je considère comme un élément important de cette culture. Et la façon de se nourir et de s'abreuver également.

Ingrédients : Eau purifiée, sucre roux, Chrysanthèmes, fleurs de Bombax, de vigne Kudzu, de Sophora japonica et de Chèvrefeuille.

Je me doute que ce n'est pas le hasard qui a fait choisir ces fleurs pour faire partie de ce breuvage raffraîchissant, à l'arôme dominant de Chrysanthème. La raison vient sans doute des bienfaits connus de chacune d'elles. Du moins en Chine...

Je détaille :

Le Chrysanthème (ju hua) - 菊花 est connu pour ses vertus calmantes et antiseptiques. Il combat les symptômes liés à l’hypertension artérielle. C’est un remède populaire utilisé surtout pour améliorer la vision et calmer les irritations oculaires.

Le Bombax (autres noms : Kapokier ou Fromager, Arbre aux amoureux). Si le tronc de ce grand arbre est surtout utilisé en Afrique pour faire des pirogues, on extrait également de l'huile (comestible et combustible) de sa graine. Quant à la fleur, elle est indiquée contre la constipation.

Antiseptique, anti-inflammatoire et antispasmodique, elle peut traiter les maux de dents, gingivites et aphtes, ainsi que les troubles intestinaux et les règles douloureuses. Certains l'utilisent pour soigner l'asthme et les maladies vénériennes. De son côté, le fruit constitue le kapok qui sert à rembourrer les coussins !

Le Kudzu, "dissipateur d'ivresse". On dit qu'il peut grandir de 300 m par an. C'est un grimpant qui s'agrippe à tout ce qu'il trouve. Ses fleurs en grappes pourpres sont utilisées depuis des millénaires en Chine pour lutter contre la migraine, l'hypertension, les acouphènes, les douleurs du cou et des épaules, mais aussi la gueule de bois. Elles seraient utiles au sevrage alcoolique autant que tabagique. Les flavonoïdes contenus dans sa racine participent à cet effet.
Le Sophora japonica (Hui hua). C'est un arbre qui ressemble un peu au jujubier, avec des fleurs qui font penser à celles du mélia. Ses vertus : riche en vitamines P (rutoside), ses fleurs tonifient les parois veineuses et les capillaires, limitant la perméabilité des vaisseaux et augmentant leur résistance. Utilisé en cas de fragilité capillaire : gonflements, couperose, bleus...

Le Chèvrefeuille (jin yin hua) - 金銀花 participe à faire baisser la fièvre et à éliminer les toxines. Ses propriétés antivirales font qu'on l'utilise contre les maladies infectieuses, notamment les inflammations intestinales, des seins ou de la gorge.

Étant donné que je n'ai pas accès à la composition exacte, c'est-à-dire aux pourcentages d'éléments actifs dans cette boisson, il m'est impossible de dire si les concentrations présentent ont véritablement une action bienfaisante, mais gageons qu'en boire fait plutôt du bien.

 

mercredi 17 juillet 2013

Le Yin et le Yang

Le Yin et le Yang représentent une opposition créatrice ; c'est l'image du monde composé de deux forces opposées et complémentaires à la fois. Dans ce principe, toute vie passe d'une force à l'autre puis de l'autre à l'une dans un mouvement perpétuel. La médecine chinoise est fortement imprégnée de cette idéologie. Cette théorie s'intègre au paradigme du Qi et à une vision d'un monde taoïste.



Minéral (labradorite), translucide et lumineux pour une partie, animal (cuir), souple et sombre pour l'autre, j'ai créé mon Yin-Yang fétiche ci-dessus.
Il vous plaît ?

Le paradigme du Qi décrit l'univers comme étant le produit d'une énergie fondamentale constituée de souffles en mouvement et se modifiant en fonction de phases successives de contractions et d'expansions.

La vision taoïste présente l'univers en constante expérimentation, dans lesquelles deux forces s'opposent et s'attirent :

  • Le Yang ou souffle dynamique, élément viril associé à la transformation et à la multiplication, ainsi qu'à la force créatrice des esprits, est en union avec le ciel, la pureté, le feu, le soleil, l'extérieur, le printemps et l'été, le jour, l'expansion.
  • Le Yin, ou souffle passif, élément féminin structurant et stabilisant, associé à la trame matériel des essentiels, est uni à la terre, l'impur, le froid, le nord, la lune, la nuit, l'intérieur, l'automne et l'hiver, la contraction.

Yin et Yang s'opposent sans cesse, passant par différentes phases d'expansion et de contraction, à l'instar de notre univers. Dans la médecine chinoise, le corps humain est est ordonné selon le même principe universel. Selon celui-ci, la vie émane de tensions entre le Yin et le Yang originels (esprits et essences), qui doivent être stimulés par les saveurs (Yin) et les parfums (Yang), par les aliments (Yin) et les Qi contenus dans l'air (Yang). L'action des viscères se répand dans le corps à travers un réseau de méridiens qui se polarisent en Yin ou en Yang selon qu'ils sont enracinés dans les entrailles ou dans les organes et selon qu'ils circulent sur les faces antéro-médianes (Yin) ou postéro-latérales (Yang) du corps humain.

Source : Mc Carthy R.A. et Warrington E.K. "Neuropsychologie cognitive, une introduction clinique", 1994 (PUF). Via : passeportsante.net



mardi 16 juillet 2013

Confucius - 孔夫子


Confucius ou Kǒngfūzǐ (孔夫子) est né en 551 av. J.C. à Zou (陬)et mort en 479 av. J.C. à Qufu (曲阜), au nord-est de la Chine (province de Shangdong). Emblème national d'une pensée humaniste, Confucius a marqué l'histoire par sa ruse en même temps que par son intégrité. Considéré en et outre Chine comme le premier "éducateur", il a fait des émules autour de l'Empire du Milieu, que ce soit au Japon, en Corée du Sud ou encore à Singapour.


Le confucianisme est devenu une doctrine politique autant que sociale avant de se transformer, après la mort du maître, en idéologie pure voire en religion.

Confucius n'aime pas les us et moeurs de la Cour du roi à l'heure de la dynastie des Zhou de l'Est (Printemps et Automnes 771-475 et des Royaumes Combattants 475-221 av. JC.). Les personnages importants se montrent à la fois hautains et trop dévoués, attendant quelque promotion en retour de leur servilité et de leurs courbettes. Le sage pensait qu'il valait mieux fuir son temps ou son pays en temps de troubles et de décadence plutôt que de se voir congédié à cause d'un simple geste ou d'un simple regard jugé déplacé. En deux mots : il était contre toute forme de tyranie exercée par le pouvoir, contre l'autoritarisme aveugle et l'hypocrisie ambiante à la Cour.

Le "Maître" finit par fonder une sorte de centre d'enseignement à la fonction publique où il forme les esprits à l'indépendance et l'humanisme, pensant qu'il est possible de s'épanouir "entre soi", entre amis habités par les mêmes aspirations éthiques (et esthétiques). Freinant le zèle des trop zélés et poussant son manque chez les plus lents à recevoir ses enseignements, Kongfuzi s'applique à mettre en avant la prévalence de l'esprit en contradiction avec l'étalage des connaissances ; il tente d'affranchir ses élèves des considérations d'intérêt et de hiérarchie traditionnelle, y préférant l'étude du perfectionnement de soi et la camaraderie plutôt qu'un artifice bourré de codes ampoulés et inutiles.

Citation :

"Étudier sans réfléchir est vain, mais réfléchir sans apprendre est dangereux." 
學而不思則罔,思而不學則殆。

J'ai lu, il y a peu, LES ENTRETIENS DE CONFUCIUS
Enfin, une version traduite et anotée par Pierre Ryckmans, chez Gallimard (1987), Folio (2 €).


Ce n'est qu'après la mort du Maître, que l'ensemble des Entretiens a été compilé ; ce travail a été effectué par au moins deux générations de disciples ; il s'est poursuivi pendant plus de 50 ans, jusqu'aux alentours de 400 avant J.C. Cette compilation a d'abord circulé en deux versions autonomes, qui furent finalement amalgamées peu avant le début de notre ère sous la forme que nous lui connaissons à l'heure actuelle. De fait, le texte comporte des passages obscurs, des éléments qui semblent anachroniques, des ajouts étrangers, des fragments hétérogènes, voire des redondances et quelques lacunes. Il n'en a pas moins conservé, si l'on considère son âge vénérable, une vigueur et une cohérence étonnantes qui lui confèrent une unité et une vivacité hors du commun.

Extraits choisis :

VI. 20 (passionné) "Celui qui sait une chose ne vaut pas celui qui l'aime. Celui qui aime une chose ne vaut pas celui qui en fait sa joie."

VII.36 (désabusé) "Le luxe entraîne l'arrogance, la frugalité entraîne la rusticité. Plutôt être rustaud qu'arrogant."

VI. 18 (équilibré) "Quand le naturel l'emporte sur la culture, cela donne un sauvage ; quand la culture l'emporte sur le naturel, cela donne un pédant. L'exact équilibre du naturel et de la culture produit l'honnête homme."

VI. 21 (un brin élitiste ?) "A des hommes moyens, on peut expliquer les choses supérieures. A des hommes inférieurs, on ne peut pas expliquer les choses supérieures."

XIII. 30 (lucide et un tantinet antimilitariste) "Envoyer à la guerre un peuple qu'on n'a pas instruit, c'est l'envoyer à sa perte."

XIII. 23 (anticonformiste) "L'honnête homme cultive l'harmonie, mais pas la conformité. L'homme de peu cultive la conformité, mais pas l'harmonie."

XIV. 41 (clairvoyant) "Quand les maîtres cultivent les rites, le peuple est facile à gouverner."

XIV. 43 ( Respectueux) Yan Rang attendait assis, les jambes étalées.
Le Maître dit : "Qui, jeune, ne respecte pas ses aînés, dans son âge mûr ne produit rien et, vieux, refuse de mourir, n'est qu'un brigand." De sa canne, il lui frappa le mollet.

VIII. 17 (Avide de connaissances) "Etudier, c'est comme courir après ce qui nous échappe, tout en craignant de perdre ce qu'on a déjà."

Confucius était-il un vieux macho ? Toujours est-il qu'il ne considérait pas une femme comme l'égal d'un homme :

VIII. 20 Avec cinq ministres, Shun gouverna le monde. Le roi Wu a dit qu'il avait lui-même dix ministres. Confucius dit : "Les hommes de talent sont rares, c'est bien le cas de le dire puisqu'à l'époque de Yao et Shun, où ils étaient pourant les plus nombreux, Shun n'en trouva que cinq. Et le roi Wu n'avait que neuf ministres, en fait, car l'un des dix était une femme..."



 

lundi 15 juillet 2013

Quelle heure est-il ?

Quelle heure est-il ?

xiànzài jǐ diǎn le ?

现在几点了?


En français, lorsqu'on nous demande l'heure, nous répondons "il est xx heures". En chinois, nous pourrions traduire littéralement par "maintenant xx heures".

Maintenant : xiànzài 现在

Heure : diān
Minute : fēn
Seconde : miǎo 

La division des heures :

Demi-heure : bàn
Quart d'heure : yí kè 一刻
3/4 d'heure : sān kè 三刻
Heure pile : zhěng
Heure passée (moins d'1/4 d'heure) : guò

Exemples :

  • Il est 5 h pile : xiànzài wǔ diǎn zhěng 现在五点整
  • Il est 3 h 20 : xiànzài sān diǎn èr shí fēn 现在三点二十分
  • Il est 4 h et demie : xiànzài sì diǎn bàn 现在四点半
  • Il est 10 h et quart : xiànzài shí diǎn yí kè 现在十点一刻
  • Il est 11 h 05 : xiànzài shí yí diǎn guò wǔ fēn 现在十一点过五分
  • Il est 9 h mois le quart : xiànzài jiǔ diǎn chà yí kè 现在九点差一刻

jeudi 4 juillet 2013

The Good Women of China

Veuillez m'excuser si je vous présente un livre sous un titre anglais. La raison en est simple : c'est ainsi que je l'ai eu entre les mains et que je l'ai lu.


"The Good Women of  China", qui fut publié pour la première fois en Grande-Bretagne en 2002 (traduit par Esther Tyldesley) est une compilation à peine romancée d'entretiens entre la journaliste chinoise Xinran à l'époque où elle présentait un programme radio lors duquel elle invitait des femmes à appeler et à parler d'elles en direct à l'antenne. J'ai appris après l'avoir lu qu'il en existe également une traduction en français : "Chinoises".

C'est un livre que j'ai ressenti à la fois comme bouleversant et nécessaire. En effet, l'auteure a réussi, malgré les restrictions de la censure chinoise, à rendre publiques, mais avec une certaine pudeur, les histoires crues de ces femmes dont les noms ont été changés afin de protéger leur vie privée. Car ces histoires sont dérangeantes. Très dérangeantes. Elles en disent long sur la condition des femmes dans les années 70. Xinran s'est parfois déplacée pour rendre visite personnellement à certaines de ces femmes, afin d'avoir un récit plus complet de leur vie surprennante et souvent inimaginablement douloureuse. Je vous traduis un extrait :

24 août - ensoleillé
Aujourd'hui, j'ai envoyé une lettre à Yulong par recommandé avec accusé de réception. La lettre était très épaisse, alors l'envoi m'a coûté tout l'argent que j'avais reçu pour un de mes essais.
J'ai pris pour habitude de rêver que ma douleur pourrait partir d'une façon ou d'une autre, mais pourrais-je guérir de ma vie ? Puis-je faire disparaître mon passé et mon futur ? Je regarde souvent mon visage dans le miroir. On dirait qu'il est lisse et jeune, mais je sais combien il est effrayé par l'expérience et néglige la vanité, deux lignes apparaissent sur le front, des signes de la terreur que je ressens nuit et jour. Mes yeux n'ont pas le lustre ni la beauté de ceux d'une jeune fille...Sont-ce les traits d'une fille de 17 ans ? Que sommes-nous, nous les femmes, exactement ? Les hommes doivent-ils être classés dans parmi les mêmes espèces que les femmes ? Pourquoi sommes-nous si différents ?
Les livres et les films peuvent bien dire que c'est mieux d'être une femme, mais je ne peux pas le croire. Je n'ai jamais ressenti ceci comme étant vrai et je ne pourrai jamais...

26 août - couvert
.. Pendant la nuit, l'infirmier a dit qu'il y avait une mouche dans ma chambre et il a voulu la tuer avec un spray. Je ne voulais pas que la mouche soit tuée et lui ai dit que j'étais allergique aux sprays. Je ne sais pas où se cache la mouche. J'ai un plan pour la faire échapper en laissant la fenêtre ouverte pendant que je dors. Je ne sais pas si cela va la sauver.

27 août - bruine
Je n'ai pas pu sauver le bébé mouche.
... "Les mouches sont des transporteurs de maladies". Les mots du Dr Yu m'ont donné une idée que je pense essayer. Je ne crains pas les conséquences, même la mort c'est mieux que de rentrer à la maison. Je vais écraser la grosse mouche sur la coupure de mon bras.

27 septembre
Hier soir, on m'a amenée à l'hôpital principal ici. Je suis très fatiguée et j'ai sommeil. Mon bébé mouche me manque, me manque vraiment*. Et je ne sais pas si Yulong a répondu à ma lettre.

Mots de Xinran à la suite du récit :
"Où était Yulong ? Avait-elle appris la mort de Hongxue ? Qui était la femme de quarante ans qui avait laissé la boîte pour moi ? Est-ce que les essais de Hongxue étaient aussi joliment écrits que ceux de la boîte ? Lorsqu'il apprit le suicide de sa fille**, son père a-t-il ressenti du remors ? Est-ce que sa mère, qui l'avait traitée comme un objet de sacrifice, a jamais montré un tantinet de nature maternelle ?
Je ne connaissais pas la réponse à ces questions. Je ne savais pas combien de filles victimes d'abus sexuels pleuraient parmi les milliers d'âmes errant dans la ville ce matin-là."

Xinran est née à Beijing en 1958 et s'est installée à Londres où elle a pu publier ce roman, qui est son premier roman. Grace à son écoute bienveillante et son souhait de mettre la lumière sur la vie de ces femmes, contre vents et marées -et surtout contre la censure étatique-, des décennies d'obéissance aveugle à des pères, des frères ou des fils tyraniques ont été dévoilés, la condition de ces femmes, qui n'avaient pas droit à la parole, put enfin être mise sur le devant de la scène.

* La seule compagnie de Hongxue était cette mouche, à laquelle elle s'était attachée.
** Le père de Hongxue avait sexuellement abusé de sa fille.

lundi 1 juillet 2013

Le chinois contemporain - 当代中文

Je vais vous parler du manuel que nous utilisons -ou plutôt que nous sommes sensés utiliser- pour nos cours de mandarin. C'est l'ouvrage qu'on nous a demandé d'acheter en début d'année.

Le Chinois Contemporain - 当代中文 -
1 课本 +MP3 (法文版)
Auteur : Wu ZhongWei 吴中伟
Editeur : BeiJing DaXue 北京大学出版社(Presse Universitaire de Pékin)
 
 
A mon avis, ce manuel est loin d'être parfait. Mais à défaut d'un autre pour comparer, eh bien nous faisons avec.
Avant même l'explication de la prononciation, nous trouvons une page d'expressions usuelles, qui font en tout 6 phrases mais qui prennent la page entière ! Vient ensuite une page entière pour le titre "0. Initiation (ru4 men2) et une page blanche au verso.
 
Viennent ensuite la leçons 0.1 apportant une "introduction à la phonétique" (p.3) avec une explication très sommaire. Puis sont listées les "initiales" sans en donner la prononciation. Beaucoup d'espace dans le livre n'est pas utilisé. Viennent les "finales" puis les tons (p.4). Là encore, l'explication est plus que sommaire. En p. 5, viennent des "notes culturelles" qui ne prennent que la moitié de la page (le reste est vide). P. 6 et 7 : Correspondance des symboles phonétiques : il n'est pas expliqué de quels types de phonétique il s'agit. Sur la page 7 de droite, qui est pliée en 3 en accordéon, se trouve le tableau des syllabes chinoises et alors là elles sont toutes détaillées puisqu'y sont listés tous les sons possibles des différentes initiales combinées avec les différentes finales, ce qui n'est pas absolument utile (on se doute que le son "o" se prononcera de la même façon qu'il soit précédé d'un "b" ou d'un "t", par exemple). Le verso des 3 volets est laissé blanc.
 
Commence une leçon de conversation en chapitre 0.2 (à noter : les illustrations, qui sont monochromes et plutôt moches). Sur une page entière, on apprend jute à dire "Bonjour", "Comment vous appelez-vous ?", "Je m'appelle ... et toi ?", "Je me nomme..." et "Comment t'appelles-tu ?". Non seulement c'est peu pour une page, mais surtout, les caractères chinois n'apparaissent pas. Un peu plus loin, une page presque entière est perdue à montrer une bouche arrondie pour former un "o", deux autres entre-ouvertes pour montrer le "e" et le "i" et une presque fermée pour montrer le "ü".  On se moque de nous !!
 
Que dire du reste ? Il est à l'avenant. Il manque, jusqu'à la fin du chapitre 0.7, les caractères, que nous sommes obligés de rajouter au crayon si nous voulons les apprendre. C'est très agaçant. En règle générale, le livre prend 4 fois plus de place qu'il ne devrait.
Le plus énervant, en plus des fautes d'orthographe et de grammaire françaises, c'est que lorsqu'on aborde les cours avec les caractères chinois, ceux-ci sont proposés sur des pages indépendantes. Je vous explique : en premier viennent les phrases de conversation en sinogrammes (pas facile lorsqu'on ne les connait pas ni ne sait les prononcer), ensuite, sur une autre page, viennent les mêmes phrases dans leur version plus ancienne (les caractères avant la simplification), dont nous n'avons pas besoin à priori. Sur une page suivante viennent 1° la prononciation en phonétique chinoise (pinyin), puis la traduction en français. Ouf ! Ainsi, si l'on veut avoir la traduction d'un petit texte à étudier, on est obligé de tourner les pages de façon incessante, ce qui est loin d'être pratique. Mais pourquoi avoir compilé cet ouvrage de façon si tordue ? On dirait que c'est fait pour compliquer l'approche du langage chinois !
 
Par ailleurs, je tiens à signaler que l'index des termes utilisés avec leur traduction chinoise est séparé selon les leçons, ce qui fait qu'on ne peut pas le retrouver facilement de manière globale. Un index se trouve dans les dernières pages, mais uniquement à partir du pinyin vers le français. Il ne sert donc à rien tant qu'on n'en connaît pas la prononciation, ni si l'on recherche le sens d'un caractère.
 
Vous l'avez compris : ce n'est pas un manuel que je recommanderais à quelqu'un qui voudrait étudier le chinois. Ceci dit, je ne peux en recommander aucun car je ne sais pas s'il en existe d'autres.
Ce qui serait bien, dans un premier temps, c'est que tous les professeurs qui enseignent aux débutants utilisent le livre (s'ils n'en connaissent pas de meilleur) pendant les cours et puissent faire noter les transcriptions au moment voulu, ainsi que l'ordre des traits, qui est important mais qui n'est pas indiqué.