Pages

Bandeau théière calli

Bandeau théière calli

mercredi 27 mai 2015

Histoire de l'écriture chinoise


Ecriture chinoise de l'âge du bronze à l'ère numérique



Tel était le titre de la conférence tenue par Madame Frédérique Gilbank le 19 mai 2015 à Montpellier (salle Pétrarque) sous l'égide de l'Institut Confucius et de la faculté de lettres de la ville. Madame Gilbank est professeure de mandarin à l'université Paul Valéry où elle a la responsabilité du parcours Licence en Chinois-Littérature et Civilisations Etrangères (LCE).

Le professeur Gilbank a rappelé que si le chinois n'était pas la langue écrite la plus ancienne, on pouvait clairement situer ses premières traces à - 1 500 ans avant J.C. Je vais tâcher de résumer son enseignement du mieux que je peux d'après mes maigres notes.

Depuis les premières traces jusqu'à aujourd'hui, les caractères chinois, que l'on appelle HanZi (caractères des Hans), ont été utilisés sans discontinuer ; on peut en conclure que c'est le système le plus ancien qui soit encore utilisé de nos jours.



Plusieurs théories ont été avancées concernant l'origine des caractères chinois, mais celle qui a la faveur du plus grand nombre voudrait que ce soit sous la dynastie des Shang, entre le XIVe et le XIe siècle avant J.C. que soient apparus sur le territoire les premières traces qui s'apparentent à l'écriture : les jiaguwen (甲骨文). CangJie, le ministre légendaire de l'empereur HuangDi en 1898, observa ces signes gravés sur des "os de dragon" médicinaux (en réalité des omoplates de boeufs) et des plastrons de tortues datant de ces périodes. Les craquelures, issues de poinçonnage avec un outil pointu laissent penser que celles-ci étaient ensuite interprétées par des sortes de devins et qu'elles se seraient, de fil en aiguille, transformées en caractères plus ou moins biens définis, donnant ainsi naissance à la représentation graphique des caractères archaïques, qui fut utilisée plus tard sur les sceaux (écriture sigillaire).

On trouve déjà ces pictogrammes archaïques dans la légende du souverain FuXi au Xe siècle av. J.C. (voir le tripode Ding Anyang au Musée Guimet), mais au fil du temps les signes picturaux se sont stylisés pour devenir les idéogrammes et idéo-phonogrammes que nous connaissons. Entre temps, les caractères ont été inscrits sur divers supports durs tels que le bronze avant de se trouver sur des lamelles de bambous liés avec des ficelles végétales (cf. catalogue de l'exposition "La splendeur des Hans" - Musée Guimet).

De nos jours, les lettrés continuent d'étudier les caractères identifiés. A l'heure actuelle, on sait qu'environ 60.000 caractères ont été répertoriés, dont environ 10.000 en usage. Une personne cultivée en connaît à peu près 5.000 et la moyenne des chinois en connaît plus ou moins 2.000.

Plusieurs styles de tracés sont reconnaissables. Il en existe huit principaux, qui correspondent à une évolution depuis le XIIIe siècle av. J.C. :
  1. os d'oracle
  2. grand sceau (da zhuanshu) 大篆
  3. petit sceau (xiao zhuanshu) 小篆書 
  4. style "des fonctionnaires" (lishu) 隸書
  5. régulière (kaishu) 楷書
  6. cursive (xingshu) 行書  
  7. fin et rapide : le style "herbe" (caoshu) 草書
  8. moderne (simplifiée), toujours en usage et variable avec les typographies actuelles
En 221 av. J.C., le prince Zhang unifie les royaumes, fondant le 1er empire, celui de Xingxihuangdi. Depuis, les caractères n'ont subi que de très légères modifications.

Jusqu'au petit sceau (petites sigillaires), les caractères s'inscrivaient plutôt chacun dans l'espace équivalent à un rectangle en hauteur, mais depuis, on les trace dans des carrés. Il existe, pour les calligraphes en herbe (mais pas forcément en caoshu), des cahiers et des feuilles avec un tracé de fond délimitant des carrés pour chaque caractère, certains entrecoupés de lignes horizontales et verticales formant 9 carrés plus petits, d'autres de lignes diagonales, facilitant ainsi l'apprentissage du placement de chaque trait des caractères.


La plupart des mots sont polysyllabiques, ad minima bisyllabiques et comportent donc au moins deux caractères ; il est ainsi aisé de constituer des néologismes en joignant deux caractères à sémantique et/et-ou phonétique adaptée. Exemple de constitution d'un mot : charette = l'élément cheval (ma 马) et l'élément véhicule (che 车) qui donnent le mot "mache" - 马车.

Certains emprunts de l'étranger peuvent donner des résultats amusants, comme c'est le cas pour mini dans mini-jupe, qui a donné "mini" - 迷你, qui veut dire littéralement "qui te trouble", ou encore Coca Cola qui se traduit par des caractères à phonétique approchante du nom de la marque et veut dire en même temps "que l'on peut boire et qui peut apporter la joie". Notre conférencière a cité le cas du mot Karaoké, qui se dit "kala OK" et dans lequel les deux lettres OK s'écrivent à l'occidentale, et montré l'enseigne du grand magasin Carrefour (voir bj.people.com), qui se prononce "Jialefu" 家乐福 qui signifie à peu près "le bonheur dans le foyer".

Madame Gilbank nous a également présenté l'affiche du film "La véridique histoier du poète Hakiu" pour illustrer une représentation graphique d'un phonème, "Q", qui représente à la fois le son "qu" et la natte qui avait été imposée par les Mandchous (ex "Jurchens") lorsqu'ils envahirent la chine au XVIIe siècle. 

Bien entendu, il y aurait encore beaucoup à apprendre sur l'histoire de l'écriture chinoise, mais j'avoue qu'en une heure seulement, la professeure Frédérique Gilbank a réussi à nous présenter un tableau à la fois synthétique et vivant, nous donnant l'envie d'en connaître un peu plus.




mercredi 20 mai 2015

Voyage en Chine




J'ai été voir le dernier film de Zoltan Mayer, Voyage en Chine, il y a quelques jours. Il est encore à l'affiche au cinéma Nestor Burma aujourd'hui (20/5/15) et le sera encore le 26 mai à 18h, le 28 à 16h, le 31 à 18h15, ainsi que les 1er, 3, 4, 6, 8 et 9 juin prochain. Pour avoir les horaires du cinéma N. Burma de Montpellier :


Pour voir la bande annonce du film :

Le contenu correspond assez bien à ce que l'on peut en voir sur la bande annonce. 

Sur un fin fil tendu entre le souvenir d'un fils dont elle vient d'apprendre le décès et l'éloignement géographique et culturel, le personnage principal, la maman, campée par une Yolande Moreau presque en filigrane d'elle-même, entre dans un monde qu'elle ne pouvait qu'imaginer avant de rentrer elle-même dans le décor pour se rapprocher de l'être qui lui manque le plus.

Ce voyage initiatique nous rapproche peu à peu des us et coutumes locaux en nous emmenant dans un coin de campagne loin des bruits et torpeurs de la grande ville. C'est par petites touches que Zoltan Mayer a procédé pour peindre ce tableau impressionniste. On y trouve de la profondeur, de la sincérité, de la finesse... en tout cas rien de ce que l'on peut voir dans les pellicules archi-commerciales qu'on nous placarde sur les écrans à longueur de champ.

Pas de séquences à tout berzingue, pas de spectaculaire. Certes, Voyage en Chine ne paraît pas, de prime abord, être un monument qui fera référence dans la filmographie. Certains trouveront mêm le jeu de Yolande Moreau trop minimaliste (c'est vrai qu'elle semble un peu éteinte). Mais ne vous méprenez-pas, c'en est un que l'on peut garder précieusement dans sa mémoire car il nous rapproche humainement entre civilisations éloignées grâce à la simplicité et à un humour dont la légèreté ne nous rendra pas idiots. Et puis on profite là d'un coin de Chine très chinois et qui raconte en quelques scènes l'ambiance et les mœurs d'un peuple qui n'a pas fini de nous étonner.




Le tatouage de William


Mardi dernier, j'ai pris le tram pour aller au centre ville (de Montpellier) où se tenait une conférence sur l'écriture chinoise de l'origine à nos jours.

Sur le quai, j'avise un jeune-homme qui portait un tatouage sur le cou représentant des caractères chinois :


Je lui ai d'abord demandé la permission de le prendre en photo, bien sûr, puis questionné sur le sens de ces deux caractères. La réponse : "C'est mon prénom, William !". J'ai tenté de savoir si les idéogrammes ainsi formés étaient également porteurs de sens, indiquant  par exemple une facette de sa personnalité, mais il a insisté pour dire que c'était uniquement une transcription phonétique. Tien, j'ai oublié de lui demander où il s'était fait tatouer. Le mystère restera.

Je me suis penchée un peu plus pour prendre un deuxième cliché, puis en rentrant chez moi, j'ai cherché le SENS de ces deux élégants caractères.


Le premier caractère, , se prononce wēi et indique le prestige, l'autorité ou encore quelque chose ou quelqu'un d'imposant, de majestueux.
Le deuxième caractère, , se prononce lián et correspond à l'honnêteté et l'intégrité. Vous remarquerez que le tatoueur/la tatoueuse a oublié le trait oblique intérieur gauche.

Ainsi, sans le savoir, ce jeune William se présente aux yeux de nos cousins de la RPC comme quelqu'un qui fait autorité tout en se revendiquant d'être un homme intègre. Une sorte de passeport élogieux, en somme, qui pourrait signaler là un grand homme que les ans n'ont pas corrompu (mais pas forcément des plus modestes puisqu'il l'affiche aux yeux de tous...). Si son imposante majesté ne m'a pas sauté aux yeux de prime abord, je n'en ai pas moins remarqué sa gentillesse et j'en profite pour lui dire : "Merci, William pour cette illustration in vivo."

Puisque je suis là, permettez-moi d'interpeller celles ou ceux qui ne connaissent pas la langue chinoise et qui envisageraient de se faire faire un tatouage à leur nom en chinois. N'oubliez pas de chercher un sens qui se rapproche de votre personnalité tout en restant assez proche de la prononciation de votre prénom. Le sens est souvent bien plus intéressant que la forme. Et demandez bien à ce qu'on vous note sur un papier le sens des idéo-phonogrammes ainsi que leur prononciation en pinyin (phonétique adaptée aux caractères chinois), avec les tons (il y en a 4 et un même mot n'a pas le même sens selon son accent tonique). 

Ah ! Et n'oubliez pas que certains caractères chinois peuvent se tracer selon leur forme actuelle simplifiée mais également sous leur forme traditionnelle, généralement plus esthétique bien que plus complexe. On peut également les trouver sous leur forme archaïque originelle, dite "sigillaire" et plus couramment utilisée pour les sceaux, comme son nom l'indique.





jeudi 14 mai 2015

Journées tibétaines au Chai du Terral


J'ai eu l'info un peu par hasard, mais ça peut vous intéresser : le Chai du Terral, à Saint-Jean de Védas (34) et la mairie de la commune ont donné leur appui à deux journées spéciales sur la culture tibétaine. Les journées sont organisées par les associations védasiennes Harmony et Terre du Cœur (Kun Phen Ling).



T I B E T

Vendredi 15 mai et Samedi 16 mai 2015

Chai du Terral - Saint-Jean-de-Védas


Hélas, je ne sais pas si des informations sont disponibles sur un site et je n'ai pas pu savoir qui organisait. En tout cas, je peux vous donner quelques bribes d'informations (à vérifier, par exemple sur le site de Terre du Coeur ci-dessous) :

Vendredi 15

14-19 h : accès libre (vidéos, artisanat, calligraphie)
20 h 30 film (4 ou 7 €) "55" d'Andy Mestre, suivi d'un débat sur la réalité des tibétains en exil depuis 55 ans 

Samedi 16 

10-12 h : accès libre (vidéos, artisanat, mandala...)
11 h 15 : poésie
10 h 30 : conte - Salon de la Galerie
14 h 30 : conte - Salon de la Galerie
14-20 h : accès libre (vidéos, artisanat, mandala...)
15 h 15 : poésie
16 h 30 : conférence sur le livre de Tsering Woeser "Immolation au Tibet"
20 h 30 : danse et chants du groupe tibétain Norling (7 ou 10 €)

L'argent récolté lors des deux soirées ira à l'aide aux réfugiés tibétains au nord-est de l'Inde, d'après ce que j'ai pu lire. J'aurais dû prendre le temps de tout noter. Si vous êtes dans les environs, cela vaut certainement la peine d'y faire un petit tour.

Voici un lien sur la présentation par les associations :
http://www.terreducoeur.org/news/

et un autre sur un article du Midi Libre :
http://www.midilibre.fr/2015/05/14/la-culture-tibetaine-s-invite-au-chai-du-terral,1161442.php



Qi Gong et Feng Shui à Villeneuve-les-Maguelone



ATTENTION ! 
Evenement annulé en dernière minute
Le stage sera reporté ultérieurement


Venez fêter le printemps en santé et en harmonie

Samedi 16 mai 2015

Stage de Qi Gong et Feng Shui




Thé de Chine et collation offerts


Lieu : Salle de la Chapelle, Villeneuve-les-Maguelone (34)
Horaire : 14 à 17h30
Tarif : 30 €/33 € non adhérent VAL

Contacts :


mercredi 13 mai 2015

Remise de diplôme de calligraphie à Sophie Liottier


Remise de diplôme de calligraphie

Vendredi 15 mai 2015 - 19 heures

à Montpellier




L'Institut de Calligraphie et de Peinture Chinoises de Chengdu en France (ICPCCF) vous convie à la cérémonie de remise de diplôme à 

Madame Sophie Liottier 

qui fera une démonstration de style régulier, calligraphiant un élégant poème de Maître Deng Daikun :


海月如鈎思故里
燈花似豆懷伊人


" Le croissant de la lune au-dessus la mer me rappelle mon foyer,

La lumière vacillante de la lampe m'évoque cet homme..."

(Traduction de Sophie Liottier)

Madame Khanthaly Phouttahasang, adjointe au maire de Montpellier et conseillère municipale pour la Jeunesse et la Vie Etudiante, nous honorera de sa présence.

La présentation et la remise de diplôme par SUN Shanshan se tiendront à l'institut de calligraphie et de peinture chinoises de ChengDu en France, au 35 rue de la Valfère, dans le coeur historique de Montpellier.



lundi 4 mai 2015

身体 - Le corps


Avec notre professeur, Monsieur Li, nous avons appris les noms des différentes parties du corps humain. Afin de vous en faire profiter, j'ai cherché -et trouvé- une image que j'ai un peu modifié avec un logiciel dédié et à laquelle j'ai ajouté la correspondance des noms en français. Le cours correspondant est dans le manuel 2e niveau de : "LE CHINOIS CONTEMPORAIN", aux Editions Hanban (page 33 - 第三十三页).

Image : "pinterest.com" (modifiée)

L'image dépasse des bordures du texte mais c'est fait exprès afin que vous puissiez bien lire et reproduire les caractères.

L'image empruntée avant modifications est issue d'un petit schéma  visuel sympathique que j'ai trouvé sur https://www.pinterest.com/pin/328973947753347879/
Je vous encourage d'ailleurs à cliquer car bien qu'il soit en anglais, ce portail propose des liens vers des sites de jeux et des méthodes d'apprentissage du chinois qui ont l'air très plaisants.

Bon apprentissage !


samedi 2 mai 2015

La Muraille de Chine




C'est pour moi une chance que d'avoir trouvé cet ouvrage dans le dernier vide-grenier de mon quartier. Il s'agit de la nouvelle de Kafka "La Muraille de Chine". L'ouvrage, paru en 1950 chez Gallimard pour la traduction française* de Jean Carrive et Alexandre Vialatte, comporte d'autres nouvelles, mais c'est ici celle sur la Muraille de Chine qui nous intéresse. 

Franz Kafka est né à Prague, en Tchécoslovaquie, le 3 juillet 1883 d'une famille juive. Après des études universitaires, il travaille pour une compagnie d'assurances contre les accidents du travail. Son expérience professionnelle a joué un rôle très important dans sa vision du monde social telle que la reflète son oeuvre. La misère provoquée par l'inflation et un terrible hiver sans charbon en 1923 ont raison de sa santé car il est atteint de la tuberculose dont il mourra l'année suivante. 

C'est donc plusieurs années après son décès que parut "La Muraille de Chine", nouvelle inachevée que Kafka écrivit en 1918 et 1919. Elle s'articule en plusieurs parties: 

MA VILLE NATALE
Un chinois qui habite une petite bourgade du sud, fort éloignée de la Muraille de Chine ainsi que de la capitale, raconte comment cette distance, au moment où la muraille se construit, induit  un décalage incroyable entre le moment où une décision est prise au niveau supérieur de l'empire et où les habitants en ont connaissance. Le chinois s'étonne de ce que les fonctionnaires locaux viennent de milliers de kilomètres au nord et surtout du fait que les habitants se plient tranquillement à toutes les mesures prises dans la capitale. Viennent ensuite les chapitres sur la grande Muraille.

LA NOUVELLE
Le narrateur indique que la construction de la Muraille, "bien qu'en retard de quelque trente ans sur sa proclamation", se répandait dans ce monde. On lui a affirmé qu'il fallait protéger l'Empereur des démons qui se rassemblaient souvent devant son palais.

UN VIEUX PARCHEMIN 
commence par cette exclamation : "Il semble y avoir eu bien des négligences dans la défense de notre pays." Le narrateur, cordonnier qui tient sa boutique en face du Palais impérial, s'inquiète de ce que des soldats venus du nord s'installent en nombre dans sa ville et de ce que ces nomades non seulement se comportent comme des barbares mais en plus ne comprennent pas leur langue. "Ce dont ils ont besoin, ils le prennent...Les marchandises sont à peine à l'étal que les Nomades les en ont arrachées et on tout dévoré... Le boucher pris de peur n'ose fermer boutique... Si les Nomades manquaient de viande, Dieu sait ce qu'il leur passerait par la tête !". Et de détailler quelques horreurs impensables pour ensuite se demander comment le Palais impérial, qui a attiré cette engeance, pourra s'en débarrasser. "La Garde aux parades montantes et descendantes, naguère solennelles, se confine en arrière des grilles. A nous artisans et commerçants est confiée la tâche de sauver la patrie. Mais nous en sommes incapables."

CONSTRUISANT LA MURAILLE DE CHINE
Le chinois décrit le mode fragmentaire de construction de la Muraille et explique la raison de cette fragmentation, qui serait issu d'une stratégie impériale visant à booster le moral des constructeurs. Et de la même façon le fonctionnement par étapes en déplaçant les équipes après plusieurs années de travail. Il rend compte de la ferveur du peuple toujours renouvelée malgré l'éloignement des chefs de famille et la longévité des chantiers, qui ne se terminent jamais.

MESSAGE IMPÉRIAL
L'empereur se meurt et envoie un messager aux confins de l'Empire. Le message n'arrivera que longtemps après la mort du souverain. C'est une illustration de la vanité et de l'incertitude sur le pouvoir qui règne, de l'absurdité des lois de puissances bien éloignées du fonctionnement du petit peuple. 

DU PROBLÈME DES LOIS
Kafka, à travers la voix du narrateur chinois, se pose la question du secret des lois. Je veux dire par là de l'appropriation unilatérale de la sémantique de ces lois par une poignée d'hommes qui dominent des millions d'autres hommes. Il exprime le besoin de se séparer des classes qui empêchent tout un chacun d'avoir accès aux arcanes de la législation et du pouvoir. 

NOS SOLDATS
Encore un subtil questionnement sur ces soldats qui viennent de loin et se ressemblent, attachés qu'ils sont à faire régner la terreur. Encore une fois, la différence de dialecte est pointée, ainsi que l'attitude arrogante de ces troupes, ce qui est ressenti comme une main mise ultra-autoritaire.

LA LEVÉE DES TROUPES
Impossible de savoir si ce chapitre était supposé être le dernier de la nouvelle. C'est cependant probable puisqu'il est suivi d'une autre nouvelle, intitulée "Les armes de la ville", qui fait référence à la Tour de Babel. Et c'est aussi l'image de cette Tour qui est utilisée ici comme symbole de l'union du peuple qui fait la force commune mais également de l'importance d'établir des bases solides. Ce qui ne l'empêche pas de dénoncer au passage l'attitude couarde ici, bravache là, d'un peuple ignorant des tenants et aboutissants de l'oeuvre pour laquelle on veut les réquisitionner.


Pour résumer la nouvelle, on peux dire qu'il s'agit là d'un pamphlet plus ou moins déguisé contre la main mise d'un pouvoir tout puissant et implacable qui ne s'intéresse aucunement à son peuple. C'est en réalité l'éloge du socialisme, à l'aube de ce XXe siècle tourmenté, que fait Kafka dans ces quelques pages bien tournées avec un choix de situations allégoriques. La Muraille elle-même est le symbole premier de ces "remparts" gigantesques qui ne protègent rien ni personne. L'auteur a écrit ces lignes en 1918, année où la République de Bohème vient de s'intégrer à la Tchécoslovaquie, six ans après la chute de l'Empire de Chine et quelque trente et un an avant l'accession de la Chine à la République Populaire. Un vent de révolution souffle sur l'ancienne Bohème et s'étend partout en Occident comme en Orient.


* Le texte original est en allemand.