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Bandeau théière calli

Bandeau théière calli

dimanche 30 mars 2014

Les maisons "Tulou" du Fujian



Le Café-Chine d'hier soir à la Brasserie du Dôme (Montpellier) était très animé. Les tables avaient été positionnées en un grand rectangle de façon à ce que tous les participants puissent se voir. Le thème : les différentes ethnies qui peuplent la Chine. Le principe : des questions-réponses sur le sujet. Nous avons appris que le pays ne compte pas moins de 56 ethnies, en comprenant la dominante, celle des Han, dont la population s'élève à 1.230.000.000 âmes. L'ethnie la plus minoritaire, celle des Lhoba (ou Luoba Zu, dite aussi Koba), ne compte, quant à elle, que 3.000 habitants.




La partie qui m'a le plus intéressée est celle où il fut question des "Tulou", ces habitations traditionnelles du peuple Hakka, dans la province du Fujian (sud-est de la Chine - Capitale : Fuzhou). "Tulou" (土楼) veut dire Bâtiment de terre et ce sont effectivement de grandes bâtisses collectives construites principalement en argile. Je me suis donc renseignée plus amplement afin de vous présenter ce petit billet qui, je l'espère, vous plaira.

Construites pour des raisons défensives, ces "maisons" quasi monumentales et souvent cirulaires sont uniques en leur genre. Chaque maison fonctionnait à la manière d'un petit village et les villageois ne se mariaient qu'au sein de chacune d'elles. Les plus grandes pouvaient accueillir jusqu'à 400 personnes, soit 60 familles. Une anecdote : il a été répété que durant la guerre froide, les satellites américains avaient repéré ces habitations et l'armée US pensait qu'il s'agissait de silos nucléaires; ils en avaient déduit un peu rapidement que la Chine possédait une capacité de destruction nucléaire importante.


Les villages Tulou de Yongding, Chengqilou, Hongkeng, Nanjing, Huanjilou, Tuanluokeng, Heguilou, Fuyoulou, Yangxianglou, ou encore Chuxi, sont restés dans leur état d'origine et sont, depuis l'anecdote citée qui les a fait connaître mondialement, des sites touristiques très prisés, on peut même être hébergé dans certains d'entre eux, comme celui des frères Lin à Fuyoulou. Le plus ancien daterait du XIe siècle, mais il en a été construit encore au XXe siècle (et peut-être encore aujourd'hui). Certains ont été transformés en musées, d'autres en hôtels, d'autres encore sont habités ou en ruines.


Le principe : des murs très épais (3m en moyenne), qui conservent une bonne température en hiver comme en été et sont une excellente protection contre les attaques, et une immense cour centrale, avec des habitations, sur 3 à 5 étages, pour une hauteur d'environ 10m en tout, qui donnent toutes sur la terrasse coursive intérieure d'où entre le jour. Mias à part la porte d'entrée, les seules ouvertures vers l'extérieur sont de minuscules fénestrons aux étages suppérieurs. En général, les familles habitaient une unité verticale, avec la cuisine-salle d'eau en rez-de-chaussée et accédaient aux étages par de petits escaliers de bois.




Les Hakkas, longtemps opprimés par les envahisseurs chinois, avaient trouvé ce moyen de défense, car l'épaisseur des murs et l'unique entrée fortifiée leur permettait de faire face aux états de siège, l'immense cour intérieur permettant de garder du petit bétail et d'engranger des victuailles. On trouve parfois encore, au centre de ces villages-maisons fortifiés, la "maison ancestrale" où étaient célébrées les unions et les funérailles des habitants et où avait lieu les conseils de village. 

Les toits des Tulous sont de tuiles grises; les villageois avaient l'habitude d'y faire sécher les légumes au printemps. Je me suis posée une question, pour l'instant sans réponse : où allaient les eaux de ruissellement ?


Les Tulous ont été classés patrimoine mondial par l'UNESCO en 2008. Il en resterait aujourd'hui environ 400, selons certains, ou plus de 20.000, selon d'autres sources, dont certains encore habités et très peu visités car hors des routes touristiques. Cela vaut sans doute la peine de sortir des chemins trop touristiques afin de se rapprocher un peu plus de l'authenticité.


Pour en savoir plus :

  • Hong Digcheng, "Les Tulou du Fujian, Miabilia Mundi, 2014
  • "Les Habitations chinoises", de Shan Deqi, Collection Culture Chinoise, China Intercontinental Press


dimanche 23 mars 2014

Café Chine le 29 mars


Pour la deuxième fois de l'année, une élève de l'association montpélliéraine "Eurasia" organise un

"Café Chine"

Samedi 29 mars 2014 dès 17h30 

au Bar du Dôme

2 avenue Georges Clémenceau 
34000 Montpellier
(Quartier Saint-Denis)

TOUS PAREILS, LES CHINOIS ?

Des petits questionnaires sans prétention et accessibles à tous sont prévus sur le thème de la diversité des ethnies qui peuplent l'immense territoire de la Chine. 

Si vous avez un objet représentatif d'une ethnie, profitez-en pour l'apporter avec vous pour le présenter. Un professeur de l'association, Monsieur Wang Rui, sera présent.

L'entrée est libre et le bar continuera de servir des boissons ou des plats, comme à son habitude; vous pourrez donc vous y restaurer si vous le souhaitez.

Association Eurasia : www.eurasia-montpellier.org


Une aquarelliste inspirée



Les cours de chinois que je suis à l'Institut Confucius m'ont fait rencontrer d'autres élèves agréables et intéressants. C'est le cas de Viviane, dont le sourire met tout le monde à l'aise. Mais son sourire n'est pas sa seule arme; elle est aussi aquarelliste à ses moments perdus - ou gagnés, selon la façon dont on perçoit les choses.

Certaines de ses aquarelles sont parfaitement inspirées des encres chinoises traditionnelles, telles cette "Impression d'encre" et le paysage d'hiver que j'affectionne particulièrement :






Je suis persuadée que vous aurez envie de cela voir d'un peu plus près ou un peu plus grand. En attendant, vous pouvez tout simplement aller jeter un oeil à quelques unes de ses oeuvres sur son blog, "le blog Zanca" :

http://zanca.over-blog.com/

samedi 15 mars 2014

La mélodie du bambou


Une amie chinoise qui est plus au courant que moi m'a annoncé hier une soirée à venir sur la Chine, où je me rendrai avec grand plaisir. Elle se tiendra à :

Montpellier, le mardi 8 avril 2014, à 19h30 :



Soirée découverte "La mélodie du bambou"


  • Arts traditionnels
  • Art contemporain : Li Erni (Zhuyun), journaliste
  • Musique traditionnelle : Gu Qin : Shen Wenjing, Erhu : Guo Gan
  • Poèmes
  • Photos : Martine Eudel
  • Qi Gong : Jean-François Saurel


La soirée aura lieu à :

La Chapelle Gély
170 rue Joachim du Bellay
(à deux pas du Parc de la Guirlande)
Tél.: 04 67 42 08 95


L'entrée est libre. La soirée est organisée en partenariat avec l'Institut Confucius de Montpellier.


lundi 10 mars 2014

Un caractère par jour


Le gérant de l'atelier-boutique de calligraphie chinoise à Montpellier SUN Shanshan a eu l'initiative de mettre en ligne sa présentation de caractères chinois. A chaque jour son caractère. 




Voici le lien :


Bien que sa calligraphie personnelle soit éloignée de l'académisme chinois et que sa modestie ne soit pas apparente, ce personnage haut en couleur possède sans aucun doute un certain talent dans l'art de la présentation; j'ajouterais volontiers aussi dans celui du commerce.

Si vous passez rue de la Valfère, à Montpellier, et que votre bourse le permet, vous pourrez y acheter du beau papier, des pinceaux, de l'encre ou encore un encrier ou un sceau en stéatite. A moins que vous n'optiez pour un équivalent moins onéreux chez d'autres fournisseurs.



dimanche 9 mars 2014

La marche des volontaires



L'hymne national de la République Populaire de Chine n'est pas très connu en France. Il a pourtant une histoire intéressante.

Intitulé "La marche des volontaires", 義勇軍進行曲, le chant et la musique sont tirées d'un film de l'écrivain-cinéaste Tian Han (田汉) de 1935 sur la seconde guerre sino-japonaise (1937-1945) : (風雲兒女Fēngyún ér-nǚ) traduit en anglais par "Sons and daughters in a Time of Storm" ou encore "Children of Troubled times". Dans le film, ce chant, dont les paroles sont du cinéaste, est entonné par les acteurs Yuan Mzhi et Gu Menghe. Voici un grand extrait du film (V.O.) :


Tian Han était également un dramaturge populaire. Il a notamment écrit dans les années 1960 une pièce de propagande justifiant la présence de la Chine au Tibet : "Princesse WenCheng", que lui avait commandé le ministre Zhou Enlaï.

En septembre 1949, ce chant devient l'hymne national en raison de sa référence à des traditions révolutionnaires depuis la fin de la dynastie Qing (1644-1912).

L'affiche du film

Pendant la révolution culturelle l'auteur du film, Tian Han, qui avait participé, en mai 1919, au mouvement nationaliste anti japonais, fut alors désigné comme étant un antirévolutionnaire, emprisonné puis torturé à mort en 1968. De ce jour, l'hymne ne fut plus entonné que sans ses paroles.

En 1978, les paroles furent remaniées. Depuis, un mouvement de masse pour retrouver les paroles d'origines a pris place peu à peu et ce n'est qu'en décembre 1982 que La Marche des Vonlontaires a repris ses paroles et a été proclammé officiellement hymne national de la République. Ci-dessous, une video de YouTube montrant la succesion de l'hymne au cours du temps (sans les paroles).



LES PAROLES :

起来!不愿做奴隶的人们,
把我们的血肉筑成我们新的长城。
中华民族到了最危险的时候,
每个人被迫者发出最后的吼声。
起来!起来!起来!
我们万众一心,
冒着敌人的炮火,
前进!
冒着敌人的炮火,
前进!前进!前进!进!


Qǐlai! Bùyuàn zuò núlì de rénmen!
Bǎ wǒmen de xuèròu, zhúchéng wǒmen xīn de chángchéng!
Zhōnghuá mínzú dàoliao zuì wēixiǎn de shíhou.
Měi ge rén bèipòzhe fāchū zuìhòu de hǒushēng.
Qǐlai! Qǐlai! Qǐlai!
Wǒmen wànzhòngyīxīn,
Màozhe dírén de pàohuǒ, qiánjìn!
Màozhe dírén de pàohuǒ, qiánjìn!
Qiánjìn! Qiánjìn! Jìn!


Debout !
Nous qui refusons l'esclavage !
Avec notre chair et notre sang, soyons une Grande Muraille !
La nation chinoise est en grand danger.
De chaque poitrine jaillit le cri :
Debout ! Debout ! Debout !
Nous, millions d'hommes d'un même cœur,
Bravons le feu de l'ennemi, en avant !
Bravons le feu de l'ennemi, en avant !
En avant ! En avant ! En avant !


La montagne de l'âme


J'ai fait une découverte. Littéraire. Certes l'auteur, Gao Xingjian, a déjà reçu le prix Nobel de la littérature en 2000 pour l'ensemble de son oeuvre, c'est donc quelqu'un de célèbre, pour autant, je ne le connaissais pas. Mais voici que je fais à présent partie de ses lecteurs. C'est tout à fait par hasard -enfin presque, je cherchais tout de même parmi la littérature chinoise des rayons du libraire - que j'ai trouvé son livre, paru en 1990 (en 95 en France, aux éditions de l'Aube). Je dois dire que le lavis de couverture, qui est également de Gao Xingjian, m'a attirée vers ces pages d'encre noire et moins noire.



Et je suis enchantée. J'avoue pourtant qu'au bout de 300 pages, j'ai failli décrocher. Il faut dire que les scènes se ressemblent : un voyageur cherche une montagne sacrée dont il ne sait si elle existe réellement. Il parcourt la Chine et rencontre des personnages qui lui font partager leur vécu. Cette périgrination doublée d'une ascension autant physique qu'intérieure, est faite parfois à la 2ème personne, parfois à la 1ère, ce qui est déroutant. On se demande où est le personnage réel, où est le fictif, où est le personnage intérieur. En réalité, ils se mêlent un peu tous et c'est là, je crois, que Gao Xingjian a voulu nous mener, à travers légendes populaires, mythes et récits historiques modestes.

Après la 400ème page, ce pélerinage commence à arriver quelque part, ou plutôt quelques parts au pluriel, dans une introspection à la fois humaine et sociologique. L'auteur plonge peu à peu dans les vestiges de la Révolution culturelle et c'est avec bien des méandres qu'il arrive à se permettre de pointer de son clavier l'indénonçable, sans toutefois le condamner brutalement : la condition des femmes, la cruauté d'un régime, la corruption, la lâcheté, l'avidité entre autres. Il faut sans cesse lire entre les lignes et bien suivre, pas à pas, le cheminement de Gao Xingjian au bord du ravin au risque de tomber dans les eaux profondes d'un fleuve tempétueux. Car un lavis chinois n'est ni noir ni blanc : il est fait de variantes de gris qui font un tout. Et c'est l'eau qui est à la source des transformations.

Ainsi qu'il est enseigné dans le bouddhisme "Le vrai voyageur ne doit avoir aucun objectif". Difficile précepte qu'a essayé de suivre cet homme qui, après avoir tutoyé la mort, quitte Beijing pour poursuivre sa quête sacrée intérieure. A la recherche de la vérité, le personnage-auteur-chercheur finit par trouver que "La joie n'existe que par rapport à la tristesse. Seule tombe la neige" et qu'"En réalité, je ne comprends rien, strictement rien. C'est comme ça".

J'aurais voulu déposer ici un extrait, mais le choix est trop difficile et je serais obligée d'insérer beaucoup de texte alors que je me suis résolue à faire de brefs billets. Vous insistez ? OK, mais très court, alors : 

"Que dire face à ce paysage de neige de Gong Xian* ! Les flocons tombent dans un calme parfait, silence dans le non-silence. 
C'est un rêve.
Un pont de bois sur la rivière, une masure isolée près de l'eau, tu distingues la trace de l'homme, mais une impression de profonde solitude domine.
C'est un rêve figé, aux frontières du rêve, une obscurité impalpable, à peine perceptible.
Une encre. Lui qui utilise toujours le pinceau très appuyé, il repousse son inspiration encore plus loin. Il excelle dans le maniement de l'encre et du pinceau."

Bravo à Liliane et Noël Dutrait (un nom prédestiné ?) qui ont du beaucoup plancher pour arriver à traduire une telle oeuvre. J'ai pu discuter avec quelques sinologues lettrés qui ont toujours beaucoup de mal, ne serait-ce que pour traduire une simple lettre, alors...

Allez, à à peine plus d' 1 centime la page (il y en a 670), vous pouvez vous offrir le privilège de suivre ce grand auteur jusqu'au bord du Styx gelé en vous délectant de certains passages d'écriture automatique pas si automatique. Vous verrez. Je ne peux pas tout révéler, tout de même.

* Gong Xian est un peintre qui a vécu vers 1660-1700.