On les croyait depuis longtemps disparus, pourtant, l'information provient de l'agence de Presse officielle "Chine Nouvelle" et la plupart des journaux et magazines s'en font l'écho ce matin : la "plus haute instance législative chinoise" vient d'adopter aujourd'hui (28/12/13), plusieurs motions abolissant définitivement les camps de rééducation par le travail. Le Comité central du Parti Communiste Chinois (PCC) s'est réuni en conclave pour entériner par décision de l'Assemblée Nationale Populaire (ANP), les dernières décisions du Parti.
C'est en 1957, alors que le Président Mao en est à sa 8ème année de double pouvoir (Parti et Etat), que le Grand Timonier fait mettre en application ces camps de rééducation par le travail (LaoJiao) où l'on y envoyait quiconque était soupçonné d'être un mauvais communiste. Les organisation de défense des Droits de l'Homme n'ont pas cessé de dénoncer les abus de ce système, qui permettait la détention jusqu'à 4 ans (parfois dans des conditions très dégradantes et sanitairement dangereuses - certains parlent même de tortures), de contestataires militants ou non, ou des traditionalistes, sur simple décision de police. Le système judiciaire de la République Populaire de Chine ayant évolué et l'opinion internationale étant devenue un point d'attention particulier au vu des relations commerciales du pays, les lois se sont assouplies.
Le Parti unique indique que ces camps sont aujourd'hui devenus "superflus" au vu du "développement" du système judiciaire de la République. Néanmoins, selon l'Agence Française de Presse, des experts ont "mis en garde contre la probable persistance en Chine, sous des noms différents, d'autres formes de détention arbitraire."
Lien sur une video de CNN de septembre 2013 à propos des camps : ICI.
Extrait traduit de North Country Public Radio :
"D'anciennes détenues parlent - Le ministre de la Justice indique que 160.000 personnes ont été emprisonnées dans 350 camps de rééducation par le travail en 2008.
Les détenus comprennent des prostituées, des usagers de drogues et des personnes comme Shen, qui ont lancé une pétition au gouvernement central afin de redresser les torts de responsables locaux. Les authorités locales utilisent souvent les camps de travail pour baillonner les critiques en effectuant un minimum de travail bureaucratique. 'Les responsables locaux ne veulent pas laver leur linge sale en public', indique Maya Wan, une chercheuse de Hong-Kong qui surveille les Droits de l'Homme. 'C'est la police qui gère les détentions. Elle n'a pas besoin d'aller devant les tribunaux ni de présenter des preuves'".
Les organes du pouvoir d'Etat :
- L'Assemblée Nationale Populaire
- Le Président
- Le Conseil des Affaires de l'Etat
Dans les années 80, certains membres du pouvoir tentèrent de faire séparer les fonctions d'État et de Parti, avec le Parti décidant des grandes lignes politiques et l'État ayant pour tâche de les mettre en œuvre. Mais l'idée fut abandonnée par le gouvernement central dans les années 90, après les événements de Tian An-Men, la direction politique de l'État étant détenue par les dirigeants du Parti, créant une concentration de pouvoir dans un faisceau unique.
Dans un même temps, un accord a été décidé, séparant le Parti et les bureaux d'État à des niveaux autres que ceux du gouvernement, et on ne connaît pas aujourd'hui de membre de l'exécutif au niveau national qui soit en même temps secrétaire du Parti, hors quelques cas particuliers tel celui des régions administratives de Hong Kong et Macao où le Parti n'intervient pas.
A l'heure actuelle, l'Assemblée Populaire approuve le plus souvent les directives et recommandations du Conseil des Affaires de l'Etat. Pour autant, il sert de plus en plus de contre-poids à la législation nationale et il lui est arrivé de forcer la révision de certaines lois. Si le Parti définit la ligne générale que les différents organes de l'Etat traduisent en décisions politiques, le système est en constant équilibre entre la direction communiste radicale et les diverses administrations, dont une direction bureaucratique qui amerait bien que l'Etat domine le Parti, ce qui génère parfois des tensions entre les deux pôles de la balance.
Mao Dzedong dans les mémoires :
La Chine a fété avant-hier les 120 ans de la naissance de Mao Dzedong. L'actuel Président, Xi JinPing, qui évoque depuis un an, avec admiration, le régime de Mao, devait prononcer un discours à sa mémoire. Selon le magazine "Pélerin", la nouvelle équipe au pouvoir depuis un an "n'a cessé de remettre Mao au goût du jour dans une tentative de remettre un peu de 'morale' au coeur d'une société chinoise en quête de repères". Toujours d'après le magazine, le bilan de Mao divise encore, les vieilles générations restant souvent élogieuses, rappelant qu'il a mené la lutte contre les nationalistes, vaincu les Japonais, pacifié le pays et fondé la RPC - mais oubliant que cette période a été celle des pires répressions politiques, la collectivisation des terres (dès 1950) ayant fait plus d'un millions de morts (d'après les historiens chinois) et le "Grand bond en avant" (dès 1958) ayant provoqué une famine qui a tué plus de 40 millions d'habitants (d'après des universitaires chinois). Sans oublier la Révolution culturelle qu'il a lancé en 1966 et qui plongea le pays dans une guerre civile faisant plus de 10.000 morts (encore d'après des universitaires chinois).
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