Cet article ne fait pas partie de la rubrique culinaire. "Nouilles chinoises", c'est le titre d'un recueil de nouvelles de Ma Jian, paru en 2006, que je viens de terminer.
Je vous ai déjà fait un petit résumé de ma lecture de son excellentissime "Beijing coma", qui raconte ce qui se passe dans la tête et autour d'un étudiant qui se retrouve dans le coma après avoir reçu une balle dans la tête lors des événements sanglants qui eurent lieu sur la place Tian An Men en 1989.
Cette-fois ci, c'est une oeuvre à mi chemin entre le recueil de nouvelles et le roman sociétal que j'ai eu le bonheur de lire de ce même romancier. Et qui me donne envie d'en lire plus. C'est l'histoire d'un écrivain, d'un donneur de sang professionnel, d'un peintre, d'une actrice suicidaire, d'un croque-mort accro aux crémations; c'est l'histoire d'un chien qui semble insouciant malgré les exterminateurs, celle d'une maîtresse tyrannisée par son amant, d'une femme violée dans la rue...
Chaque nouvelle est rattachée à une autre, et finalement à toutes les autres par un fil ténu. L'auteur est tout à tour écrivain public, écrivain professionnel et conteur; il nous émeut par une distance incroyable face à des événements absurdes et impitoyables. Des fables qui nous content la vie impossible des petites gens en plein bouleversement de leur psyché alors que le parti vient d'opter pour une "politique d'ouverture". Ces nouvelles sont autant de pamphlets dénonçant l'absurdité d'un pouvoir aveugle et sourd aux besoins essentiels de son peuple et le piège d'un parti qui règne en maître absolu et omniprésent.
Ma Jian (马建) est un génie de l'écriture et de l'analyse sociologique. Né en août 53 sous le signe du Serpent, cet écrivain, poète, photographe, peintre et romancier originaire de QingDao, grande ville portuaire du Nord-Est de la Chine (à proximité de la baie de JiaoZhou), a commencé sa carrière en tant que journaliste au service de la propagande des syndicats chinois. En 1986, ses oeuvres satiriques étant mal vues du parti et du gouvernement chinois, il quitte Beijing pour Hong Kong et décide de visiter son immense pays, puis part pour l'Allemagne en 1997. Il habite depuis 1999 à Londres où il peut, par le biais de son écriture talentueuse, opérer une dissection lucide et poétique à la fois de la société chinoise.
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