J'ai commencé la lecture du tome I de QUAND LA CHINE S’ÉVEILLERA... Le monde tremblera d'Alain Peyrefitte (1973). C'est passionnant. Le regard de ce diplomate-homme politique-écrivain sur la Chine, après plusieurs longues missions dans le pays, est unique et son rapport est écrit avec des mots savamment choisis. On sent la patte du grand diplomate.
Dans le chapitre premier, intitulé "Le culte du sage, du héros, du saint", Peyrefitte présente et analyse finement la dévotion populaire à Mao Tse-Tung (Mao Zedong) et exprime ce qu'il pense de l'influence de Confucius dans la pensée de l'homme d'Etat. En voici quelques extraits choisis :
Peyrefitte rapporte un entretien avec Kuo Mo-Jo (Guo Moruo) et en particulier une question qu'il lui avait posée sur le fait que pour les Chinois à ce moment, il était primordial de d'abord "bien" penser :
- (réponse de Kuo Mo-Jo)..."De tout temps, des doctrines ont fleuri, chez nous, qui cherchaient la meilleures voie pour les hommes et pour la société. La doctrine qui l'emportait était celle de Confucius - toutes les autres s'ordonnaient autour d'elle. La Chine en a vécu deux mille cinq cents ans. Aujourd'hui, c'est la base du raisonnement et de la vie.
- (réponse de Kuo Mo-Jo)..."De tout temps, des doctrines ont fleuri, chez nous, qui cherchaient la meilleures voie pour les hommes et pour la société. La doctrine qui l'emportait était celle de Confucius - toutes les autres s'ordonnaient autour d'elle. La Chine en a vécu deux mille cinq cents ans. Aujourd'hui, c'est la base du raisonnement et de la vie.
- (Alain Peyrefitte) ...Si toute les philosophies qui ont vu le jour en Chine depuis vingt-cinq siècles sont de simples variantes de la pensée de Confucius, n'est-ce pas aussi le cas de la pensée-maotsetung ?
- Certainement non. La pensée de Confucius avait fini par se dessécher, comme, lorsque le courant baisse, le limon du Fleuve Jaune se durcit et forme les digues.
Depuis la fin du siècle dernier, la plupart des intellectuels chinois s'efforçaient de faire un brèche dans ces digues. Ils attaquaient les traditions confucéennes et recherchaient de nouvelles voies doctrinales. Ils ont tous échoué. Mao a réussi.
La pensée-maotsetung transforme l'homme, la nature, la société. C'est vraiment une pensée révolutionnaire.
Mao donne pourtant l'impression d'avoir conservé et consolidé autant qu'il a détruit - fût-ce au prix d'une transmutation. Sans doute, selon le point de vue où l'on se place, peut-on constater qu'il a bâti avec les matériaux traditionnels qu'il avait sous la main, ou observer qu'il a commencé par faire explosé l'édifice dont les décombres lui ont ensuite fourni des pierres de récupération.
Ce qui me frappait plutôt, fis-je, c'est que Mao ne détruit jamais d'un seul coup. Avant de lutter contre le Kuomintang (Guomindang), il a fait front commun avec lui, à deux reprises. Avant d'éliminer les "capitalistes nationnaux", il leur a proposé son alliance. Il a fait aux intellectuels le somptueux présent des "Cent Fleurs", avant de les disperser dans les camps de travail. Puis il a lancé le "Grand Bond" en avant puis la Révolution culturelle : chaque fois, un pas de plus, ou plutôt deux pas en avant, un pas en arrière.
-... Quelles sont les valeurs de base que vous avez conservées ?
- Les vertus traditionnelles, après un tri sérieux qui nous permet de rejeter ce qui est altéré et d'absorber ce qui est vivant.
Confucius avait fait un portrait de l'homme vertueux, le Sheng jen, entraîné à vivre en harmonie avec les autres : courtoisie, justice, intégrité, maîtrise de soi, fidélité aux engagements, loyauté, juste milieu. C'est encore l'idéal aujourd'hui. Ou plutôt c'es de nouveau l'idéal, car, entre-temps, il s'était perdu.
La courtoisie ? Les rites confucéens ont disparu mais ni Kuo Mo-jo ni Chou En-Lai, ni Chi P'eng-fei, en dépit de laccablante chaleur, ne retirent leur vareuse boutonnée jusqu'au col. Le formalisme de jadis a été allégé, mais la bienséance raffinée demeure : on évite d'ennuyer les interlocuteurs par le récit de ses ennuis : on leur fait des compliments pour qu'ils se sentent à l'aide.
La justice ? Il semble bien qu'il y en ait plus, en Chine populaire, qu'il n'y en avait depuis longtemps dans la Chine classique.
L'intégrité ? Ce que la population a apprécié davantage dans les nouveaux dirigeants, c'est justement leur honêteté rigoureuse, qui contrastait avec la corruption des cadres de l'ancien régime.
La maîtrise de soi ? Chaque chinois s'exerce à rester impassible et souriant. Les qualités humaines et les sentiments qu'il éprouve valent par eux-mêmes, sans qu'il ait besoin de les afficher. Un Chinois m'a assuré que ses compatriotes "avaient compris le peu de cas qu'il fallait faire de Krouchtchev quand il avait martelé la tribune de l'O.N.U. avec sa chaussure.
La fidélité à la parole donnée ? Quand les Chinois prennent un engagement, ils le tiennent. Un accord commercial, ils en exécutent les dispositions rubis sur l'ongle.
La loyauté à l'égard des amis ? Avant que fût rendue publique l'invitation chinoise au président Nixon, Pékin avait averti le gouvernement nord-coréen et le gouvernement nord-vietnamien ; Chou En-lai était venu lui-même rendre visite en pleine nuit, au prince Norodom Sihanouk. Lequel me fit remarquer que le chef de la Maison Blanche n'en avait pas fait autant avec ses alliés, notamment japonais ; et que ce serait mal connaître la Chine, que de la croire prête à abandonner Hanoï pour se rapprocher de Washington.
Le juste milieu ? Quoique les développements de la révolution chinoise donnent souvent l'impression d'excès, c'est une voie médiane qui finit par triompher, après que ces excès se sont d'exu-mêmes discrédités : à mi-chemin entre le chauchisme anarchiste et le droitisme conservateur, entre l'utopie et la routine, entre le défi jeté au monde et le renoncement aux ambitions mondiales. Ce juste milieu concilie "l'intransigeance dans les principes et la souplesse dans l'application" : le combat opiniâtre de Mao contre Chiang Kai-chek et le voyage de Mao à Chung-king ; la fermeté dans la lutte contre les Etats-Unis et l'invitation à Nixon.
- Ainsi, repris-je, un siècle avant Socrate, tandis qu'Héraclite et Pythagore jetaient les premiers fondements de la philosophie grecque, vivait en Chine un philosophe dont on peut dire que l'idéal est resté le vôtre ?
- Il l'est resté... enfin, pas tout à fait... Le président Mao nous invite à conserver ce qui est bon dans la tradition et à écarter le mauvais. Il faut donc tout découdre dans les vêtements anciens, séparer le bon du mauvais, et recoudre avec ce qui est bon.
En somme, Mao Tse-tung, comme Confucius, a élaboré une philosophie qui aboutit à des règles de vie personnelle et de gouvernement de la société ; mais c'est la vie, c'est la société d'aujourd'hui. Il a traduit l'idéal communiste dans le langage confucéen : "Le communisme, ce sera la Grande Harmonie".
MÊME SI CELA N'A AUCUN RAPPORT AVEC VOS POSTS, TRES INTERESSANTS, Ma di na, serait heureuse de retrouver les coordonnées des petits poissons qu'elle eut longtemps sur truffe et compagnie, et qui un jour disparurent. Pourriez vous l'aider ? XIE XIE NI !
RépondreSupprimerMa di na,
SupprimerVoici le lien pour retrouver les jolies carpes :
http://abowman.com/google-modules/fish/
Bonne journée.
Espérons que ça va marcher..... xie xie ni !
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