Le Café-Chine d'hier soir à la Brasserie du Dôme (Montpellier) était très animé. Les tables avaient été positionnées en un grand rectangle de façon à ce que tous les participants puissent se voir. Le thème : les différentes ethnies qui peuplent la Chine. Le principe : des questions-réponses sur le sujet. Nous avons appris que le pays ne compte pas moins de 56 ethnies, en comprenant la dominante, celle des Han, dont la population s'élève à 1.230.000.000 âmes. L'ethnie la plus minoritaire, celle des Lhoba (ou Luoba Zu, dite aussi Koba), ne compte, quant à elle, que 3.000 habitants.
La partie qui m'a le plus intéressée est celle où il fut question des "Tulou", ces habitations traditionnelles du peuple Hakka, dans la province du Fujian (sud-est de la Chine - Capitale : Fuzhou). "Tulou" (土楼) veut dire Bâtiment de terre et ce sont effectivement de grandes bâtisses collectives construites principalement en argile. Je me suis donc renseignée plus amplement afin de vous présenter ce petit billet qui, je l'espère, vous plaira.
Construites pour des raisons défensives, ces "maisons" quasi monumentales et souvent cirulaires sont uniques en leur genre. Chaque maison fonctionnait à la manière d'un petit village et les villageois ne se mariaient qu'au sein de chacune d'elles. Les plus grandes pouvaient accueillir jusqu'à 400 personnes, soit 60 familles. Une anecdote : il a été répété que durant la guerre froide, les satellites américains avaient repéré ces habitations et l'armée US pensait qu'il s'agissait de silos nucléaires; ils en avaient déduit un peu rapidement que la Chine possédait une capacité de destruction nucléaire importante.
Les villages Tulou de Yongding, Chengqilou, Hongkeng, Nanjing, Huanjilou, Tuanluokeng, Heguilou, Fuyoulou, Yangxianglou, ou encore Chuxi, sont restés dans leur état d'origine et sont, depuis l'anecdote citée qui les a fait connaître mondialement, des sites touristiques très prisés, on peut même être hébergé dans certains d'entre eux, comme celui des frères Lin à Fuyoulou. Le plus ancien daterait du XIe siècle, mais il en a été construit encore au XXe siècle (et peut-être encore aujourd'hui). Certains ont été transformés en musées, d'autres en hôtels, d'autres encore sont habités ou en ruines.
Le principe : des murs très épais (3m en moyenne), qui conservent une bonne température en hiver comme en été et sont une excellente protection contre les attaques, et une immense cour centrale, avec des habitations, sur 3 à 5 étages, pour une hauteur d'environ 10m en tout, qui donnent toutes sur la terrasse coursive intérieure d'où entre le jour. Mias à part la porte d'entrée, les seules ouvertures vers l'extérieur sont de minuscules fénestrons aux étages suppérieurs. En général, les familles habitaient une unité verticale, avec la cuisine-salle d'eau en rez-de-chaussée et accédaient aux étages par de petits escaliers de bois.
Les Hakkas, longtemps opprimés par les envahisseurs chinois, avaient trouvé ce moyen de défense, car l'épaisseur des murs et l'unique entrée fortifiée leur permettait de faire face aux états de siège, l'immense cour intérieur permettant de garder du petit bétail et d'engranger des victuailles. On trouve parfois encore, au centre de ces villages-maisons fortifiés, la "maison ancestrale" où étaient célébrées les unions et les funérailles des habitants et où avait lieu les conseils de village.
Les toits des Tulous sont de tuiles grises; les villageois avaient l'habitude d'y faire sécher les légumes au printemps. Je me suis posée une question, pour l'instant sans réponse : où allaient les eaux de ruissellement ?
Les Tulous ont été classés patrimoine mondial par l'UNESCO en 2008. Il en resterait aujourd'hui environ 400, selons certains, ou plus de 20.000, selon d'autres sources, dont certains encore habités et très peu visités car hors des routes touristiques. Cela vaut sans doute la peine de sortir des chemins trop touristiques afin de se rapprocher un peu plus de l'authenticité.
Pour en savoir plus :
- Hong Digcheng, "Les Tulou du Fujian, Miabilia Mundi, 2014
- "Les Habitations chinoises", de Shan Deqi, Collection Culture Chinoise, China Intercontinental Press
Merci pour ces informations. je ne connaissais pas et maintenant j'ai vraiment envie d'aller là-bas pour y passer quelques nuits !
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