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Bandeau théière calli

Bandeau théière calli

mercredi 27 janvier 2016

Des traductions étranges


L'Institut Confucius, association pour la propagande de la langue et de la culture chinoises grâce à laquelle je suis des cours de mandarin, a eu la bonne idée et la gentillesse de mettre en place dans son antenne de Montpellier un centre documentaire de prêt pour ses élèves. L'initiative est louable et cela permet de se familiariser un peu avec la culture de la RPC. Ou plutôt, cela devrait être le cas.

Si je mets un bémol avec ce conditionnel, c'est que malgré ma grande motivation et mon envie de mieux connaître l'histoire, l'art et les coutumes de ce pays extraordinaire, mon envie a rencontré un écueil de taille : une grande pénibilité à la lecture et ce à cause de traductions peu soignées.

Il apparaît en effet que certains textes traduits en français et édités par "China Intercontinental Press" demandent un effort de déchiffrage à cause tout à la fois de leur grammaire éminemment exotique, du nombre invraisemblable de graphies étranges et de curiosités sémantiques. Ajoutez à cela des mots qui n'existent pas et une maladresse d'écriture, qui comprend des informations inintéressantes, voire incompréhensibles, et des énumérations vides de sens, quand ce n'est pas une syntaxe étrange, cela donne des paragraphes que l'on a beaucoup de mal à lire, ce qui fait que je me suis vue obligée d'en arrêter la lecture, à mon grand dam.

Pourtant, j'avais emprunté quatre ouvrages qui me semblaient dignes d'intérêt : un sur les jades, un sur les inventions, un sur les mythes et légendes et un dernier sur les musées de Chine, chaque ouvrage ayant des auteurs et traducteurs différents. Par exemple, le livre sur les musées est traduit par Tao Ruogu et celui sur les mythes et légendes par Chen Yuan. J'aurais bien aimé vous présenter ces ouvrages en des termes élogieux et vous donner envie d'en savoir un peu plus long sur chaque thème, mais cela ne m'est pas possible. En tout cas pas pour l'instant.
Pour que vous compreniez mieux mon malaise et l'étendue du problème, j'ai pensé que le meilleur moyen était de vous présenter quelques fragments de ces casse-têtes chinois. En voici donc quelques uns piochés au hasard, chaque page foisonnant de ce type de littérature. Notez bien que les étrangetés que vous lirez, telles que omissions de mots, mauvaise orthographe, etc. , ne sont que la reproduction mot pour mot de ce que l'on peut y lire. A vous d'en juger :

Salle des vestiges La salle couvre une superficie de 7 588 mètres carrés montre un site de l'antiquité, ce qui en fait à ce jour le mieux conservé et qui a duré le plus longtemps et qui a des récipients au culte les plus riches jamais découvert. Impressionnés profondément par les scènes au culte du royaume ancien Shu il y a 3 000 ans, les visiteurs ont l'occasion de voir les fouilles archéologiques sur le site à courte distance.

... Malgré moins d'un dixième de fouilles achevées, il y a déjà un millier d'objets exquis déterrés au site Jinsha... Par exemples, des masques d'or, un tablette de jade, la statue verticale de bronze, la statue assise de pierre, la statue de bois peint sont tous des exemples représentatifs.

... Un des capitales de la première période Zhou, cet endroit a aussi été appelé sous le nome de Qizi ou Qizhou où il existe sur la terre et souterrainement tant de reliques culturelles parmi lesquels un grand nombre de bronzes fouillés tiennent une renommée mondiale. En 1982, cet endroit a été désigné par le Conseil d'Etat pour être un vestige culturel protégé d'une importance de la Chine.

... Certaines qui sont les œuvres d'art transmises aux générations futures comme un héritage et les documents fouillés de grande valeur pour la recherche occupent une place importante dans les collections des musées chinois. Les collections de calligraphie et de peinture comprennent "Peinture de la beauté",.... (s'ensuit une liste d’œuvres qui fait 17 lignes).

... Toutes les fournitures sont des collections délicates et rares. L'exposition permanent du Musée du Palais à Taipei contient vingt mille objets qui s'alternent tous les trois mois. Toutes les collections peuvent tous être exposées dans dix ans.

 ... La Capitale est si épouvante que les esprits et les spectres ne veulent pas y aller et préfèrent errer à la marge du monde... Un coq d'or se tient debout à la cime et chaque matin, il chante à haute voix quand la première lumière de soleil brille la Terre.

... Après le recul de l'inondation, les gens retournèrent au pays natal, et découvrit que le feu précieux brûlait encore, mais leur héro, Ebo fermait les yeux pour toujours. Pour le commémorer, on appellait la terrasse où on offrait originellement sacrifices à l'étoile Shang "terrasse Ebo".

Bref, il faut beaucoup de concentration et d'imagination pour arriver à recoller les pièces du puzzle, lorsque cela est encore possible. Je reste persuadée qu'un traducteur ou une traductrice de langue française n'aurait pas pu commettre de tels simulacres d'érudition qui ternissent l'appréhension globale de la culture de ce pays fantastique tout en freinant l'élan d'élèves avides de connaissance. Mais la politique du Parti de la RPC que doit suivre l'université de Hanban permet-elle aux militants et responsables de comprendre l'impact d'une traduction sur la propagation de l'image du pays ? Et les moyens qu'on leur donne lui permettent-ils de remédier à de telles erreurs ?


vendredi 22 janvier 2016

Le promeneur d'oiseau


Le Promeneur d'Oiseau
Film franco-chinois du réalisateur Philippe MUYL



Synopsis : 
Un jeune couple de bourgeois aisés et très actifs doit s'absenter pendant quelques jours mais la nounou de leur petite fille ne peut pas se libérer pour s'en occuper. C'est au grand-père paternel de la fillette qu'échoit cette responsabilité. Le vieil homme avait entre-temps prévu un voyage jusqu'à son village natal pour libérer, après 18 ans de compagnie, son oiseau, un "huamei" car c'est une promesse qu'il avait fait à son épouse depuis décédée. Il emmène donc la petite Renxing avec lui.

Un aléa dans le voyage -un accident d'autocar- leur fait prendre des chemins de traverse et c'est ainsi que commence ce joyeux road movie initiatique.

Mon avis :
Un très joli film au beau visuel, une fable d'aujourd'hui qui montre les périgrinations d'un vieil homme et de sa petite-fille pour arriver au bout de la route, c'est-à-dire à la libération, par l'accomplissement d'un vœu qui ouvre le cœur et l'esprit, un retour vers ses racines, vers l'essentiel de soi-même.

La petite Renxing joue à merveille la boudeuse gâtée qui snobe son papy tout en gardant les yeux rivés sur sa tablette et son portable. Le cheminement à travers la forêt, le long de la rivière, une nuit à la fraîche dans une caverne vont tout chambouler. Peu à peu Renxing découvre la nature qui l'entoure et semble renaître des cendres invisibles du progrès mondialiste. Un retour vers sa vraie nature, oubliée ou même jamais explorée. Le cheminement de la petite fille, initié par son grand-père, amènera les parents à se poser eux aussi aussi les bonnes questions.

Si l'histoire est simple, son traitement est 1) visuellement très réussi, 2) psychologiquement valable, 3) empreint de tendresse, 4) teinté d'un humour léger. Il y a une morale, certes, mais c'est notre regard, aidé par le réalisateur, qui arrive à trouver l'essentiel dans toutes les petites choses de la vie.

Fiche technique :
  • Date de sortie : 2014
  • Réalisateur : Philippe MUYL (Fr.)
  • Co-production : Stellar Mega Films, EnVision Films et Pan Eurasia Films
  • Langue de tournage : chinois et français
  • Lieu de tournage : RPC
  • Image : Sun Ming
  • Musique : Armand Amar
  • Montage : Manuel De Sousa, Kako Kelber
Distribution :
  • Li Bao Tian : Zhu Zhi Gen (le grand-père)
  • Xin Yi Yang : Ren Xing (la petite fille)
  • Li Xiao Ran : Ren Quan Ying (la mère)
  • Qin Hao : Zhu Chong Yi (le père)





L'oiseau en cage :
Il s'agit d'un "Hua Mei" - 画眉 - qui veut dire "sourcils dessinés" : le contour de ses yeux est orné d'un profond trait jaune ou blanc. NB : "Hua Mei" est également le nom qui a été donné à un bébé panda né en captivité en Chine.

En français : Merle à lunettes (en latin : "Turdus Nudigenis").

Le merle à lunettes est une espèce qui vit principalement aux abords des forêts du nord de l'Amérique du Sud (Colombie, Vénézuela, Guyane, Surinam). Son chant, une série de phrases douces et flûtées et de trilles sonnants avec quelques pauses, est mélodieux. Il chante plus volontiers entre avril et août. Mais il sait aussi miauler comme un chat ou émettre des sons plus claquants et rythmés ; il paraît qu'il sait aussi coasser comme une grenouille (c'est son cri de contact). Le merle est en général réputé pour apprendre facilement de nouveaux chants.

Le merle à lunettes est timide, mais il peut devenir agressif quand il défend sa nourriture ou son territoire. Lorsqu'il se sent vraiment menacé, il essaie de se fondre dans les couleurs du tapis de feuilles mortes, ou alors de s’envoler en rasant le sol vers le couvert de la végétation afin de s’y cacher.

Si vous voulez entendre des enregistrements de chants de "Hua Mei", c'est ici : http://www.xeno-canto.org/species/Turdus-nudigenis

lundi 18 janvier 2016

Thomas Morillon et le taoïsme



Vendredi 8 (8/1/16), Thomas Morillon a animé une conférence, à la Maisons de Relations Internationales de Montpellier, sur le taoïsme en Chine. Ce jeune homme a passé plusieurs années dans la province du Hubei (Chine centrale), dans la ville de Wudang et s'y est forgé une âme bien remplie ainsi qu'un corps à l'épreuve de bien des aléas.

Plutôt que de vous faire un compte-rendu de cette séance, mieux vaut vous laisser regarder cette vidéo qu'il a concocté au temple du jade et du vide, lieu de repos des ouvriers des différents temples des montagnes de Wudang.






Thomas Morillon a fait des études de Chinois à La Rochelle avant de partir s'installer pour onze ans en Chine, d'abord en tant qu'enseignant puis en tant que magicien, enchaînant ses présentations dans tout le pays pendant trois ans. A la suite de ce périple original, Thomas s'est intéressé à la médecine traditionnelle chinoise (MTC) et a suivi un cursus de 5 ans à la faculté de médecine de Shanghai. Il a obtenu son diplôme en 2012. Il est ensuite parti étudier puis enseigner le taoïsme dans deux montagnes. 


dimanche 10 janvier 2016

Au-delà des montagnes




Je suis allé voir au cinéma Le Diagonal le film chinois Au-delà des montagnes (Shan He Gu Ren), de Jia Zhang-Ke (2015), avec Zhao Tao, Zhang Yi et Liang Jing Dong. Sélection officielle de Cannes 2015.




Synopsis

Tao, une jeune institutrice est courtisée par deux de ses amis d'enfance. L'un est employé dans une mine de charbon, l'autre détient une station-service. Les deux hommes sont amis mais c'est le riche propriétaire de la station-service, JinSheng, qui finit par épouser Tao. C'est en 1999, quelques années après la fin de l'ère Mao, soit dix ans après le massacre de Tian An Men - non mentionné dans le film, qu'on retrouve le mineur, Liangzi, en 2014 dans une autre ville, alors qu'il vient d'apprendre qu'il est atteint du cancer. Tao, quant à elle, a eu un fils et a divorcé mais c'est le père qui a la garde de leur garçon. 

C'est une sorte de bataille intérieure entre la Chine traditionnelle, le passé, et la Chine d'aujourd'hui, avec ses illusions et ses désillusions, le passage d'un monde à un autre. Une courte saga qui dépeint la vie avec ses aléas et ses questionnements, la difficulté des choix.

Si, l'acteur qui joue le mari et le père surjoue de façon peu convainquante, les autres personnages sont plus justes, malgré des larmoiements à répétition et une atonie d'expression récurrente - mais qui peut être prise pour un choix du réalisateur. Quant au scénario, je le trouve plutôt classique, avec le père de famille malade et le manque d'argent pour les soins, le fils rebelle qui revient vers ses racines, le jeune amoureux d'une femme d'âge mûr...


Je réfléchis à ce que je pourrais dire de positif. Bien sûr, qu'il y a du positif. J'ai malgré tout bien aimé le film. Serait-ce tout simplement parce que c'est une lucarne qui permet d'avoir un aperçu du grand patchwork qu'est la Chine en mutation.


Détails :

http://www.cinediagonal.com/node/1403
http://www.telerama.fr/cinema/films/au-dela-des-montagnes,500690.php



Liquidambar



Lorsque j'ai ouvert Le chinois contemporain (T 2) à la page 73 pour réviser le vocabulaire, je me suis souvenue que les caractères utilisés pour calligraphier feuilles d'érable et feuilles de liquidambar étaient les mêmes. Peu étonnant, me direz-vous lorsque l'on sait que les deux font partie de la même famille des Acer. Les feuilles de liquidambar sont souvent plus fines que celles de l'érable commun (il en existe de plusieurs espèces) et ses lobes en forme de palme (palmatilobés) plus élancés. En automne, le feuillage du liquidambar se colore de tons dorés et cramoisis qui illuminent l'arbre comme une aura céleste.



FEUILLES DE LIQUIDAMBAR

枫叶 - fēngyè

En décomposant les caractères, nous trouvons le caractère  - fēng, qui désigne l'érable ou le liquidambar, lui même composé des radicaux (clés) de l'arbre et du vent, auquel on a ajouté le caractère - yè, qui désigne la ou les feuille(s) d'un arbre, composé des clés de la bouche et du signe 10.

Le Liquidambar lui-même s'écrit : 枫香树 - fēng xiāng shù. Il est intéressant de noter l'esprit poétique des anciens mandarins chargés de définir ou entériner l'écriture des nouveaux mots, le caractère feng voulant ici dire "abre de vent".

Liquidambar signifie "ambre liquide" car lorsque l'on fait une entaille dans son tronc, une résine ambrée en suinte. Cette résine était utilisée comme onguent en parfumerie et dans la pharmacopée sous le nom de copalme, l'autre nom du liquidambar. L'ambre du liquidambar, appelé aussi Styrax, Larmes de Styrax, ou encore Baume du Pérou, dégage une odeur de cannelle et est utilisée comme fixateur en parfumerie. C'est également à partir de cette sève épaisse qu'a été synthétisé le polystyrène en 1925. C'est, à l'instar du ginko et du magnolia, un arbre originaire de l'ère tertiaire, époque où il peuplait l'Europe avant les périodes glaciaires car sa sensibilité au gel l'a rendu un peu fragile. 

La résine ou ambre du liquidambar a été également utilisée dès le XIXe siècle en infusion afin de soigner les sciatiques, la dysenterie, ainsi que les affections respiratoires et cutanées. Les Aztèques ajoutaient cette résine à leur tabac pour en rehausser l'arôme. De leur côté, les indiens Cherokee d'amérique avaient l'habitude de mâcher du styrax et c'est d'ailleurs leur exemple qui a permis la production des premiers chewing-gums.


Le Musée Guimet


Petite visite rapide en image de la collection chinoise du MNAAG, plus connu sous son ancien nom de Musée Guimet. J'y ai fait un saut à Noël et j'en ai profité pour prendre quelques clichés, histoire de vous donner envie de le visiter vous aussi.












jeudi 7 janvier 2016

Rencontre autour du Qi Gong et du Taoïsme


L'Institut Confucius de Montpellier
蒙彼利埃孔子学院

Nous convie, le vendredi 8 janvier 2016, de 18 h 30 à 20 h 30

A une Conférence / Rencontre autour du Qi Gong et du Taoïsme
  • Lieu : Maison des Relations Internationales Nelson Mandela                                                    

Le conférencier, Thomas MORILLON, vit depuis plus de dix ans en Chine et y consacre son énergie et son temps à la pratique du Qi Gong. Il nous fera partager ses connaissances et observations sur la pensée taoïste, notamment à partir d'études de Lao Tseu (Lao Zi) et de Zhuang Zi. Thomas MORILLON nous expliquera l'implication du taoïsme dans la vie actuelle, comment cette philosophie-discipline  permet de résoudre des difficultés que l’on rencontre et de quelle manière elle influence notre santé. 
Les techniques des Qi Gong (气功), Yang-Sheng Gong (养身气功) et Tai-Ji Quan (太极拳) ont un effet indéniable sur l’essence, l’énergie et l’esprit (Jing精 Qi气 Shen神). L’essence sert de carburant à l’énergie, qui se transforme en matière plus subtile qui sera elle-même utilisée comme "matériau" de base pour l’esprit. L’esprit ainsi rempli (Shen Man 神满) peut alors avoir assez de puissance pour préserver cette énergie en nous-mêmes, et ainsi améliorer notre santé.

La rencontre se terminera par une séance de Qi Gong et de méditation.

Conférence / Rencontre organisée par l'Institut Confucius de Montpellier
ENTREE LIBRE

L'information est issue de :

Christiane Prigul 裴滢
Directrice Institut Confucius de Montpellier 蒙彼利埃孔子学院 - 院长
09 81 98 88 01 / 06 58 15 71 71
www.institut-confucius-montpellier.org
www.facebook.com/institutconfuciusmontpellier

Thomas Morillon :
YouTube : Thomas Wudang
http://morillont.wix.com/assodacoeur
wechat : faguotuomasi

Musique sacrée à Notre-Dame des Tables


L'Institut Confucius de Montpellier nous a convié, le 12 novembre 2015, à un concert unique de musique sacrée chinoise dans la basilique Notre-Dame des Tables.

Le réalisateur numérique de l'Institut nous a concocté une vidéo où sont préservés de beaux fragments visuels et sonores des meilleurs moments de cet événement. Au guqin et au chant : MA Chang Sheng, à la flûte droite Xiao et au pinceau de calligraphie : TAM Po Shek.

Profitez de cet instant magique :


Les musiques sont inspirées de poèmes anciens de FAN Zhong Yan (989-1052) comme ce transcendantal "Oies sauvages descendant sur la grève", qui exprime toute la noblesse d'esprit du lettré vivant en ermite.



mercredi 6 janvier 2016

La lune reflète mon coeur





Ballade amoureuse de 邓丽君(DENG lì jūn)
pour les occidentaux : Teresa Deng (ou Teng)

Bien que peu ou pas connue des occidentaux, Teresa Deng - 邓丽君 - (29/1/1953-8/5/1995) fut l'une des chanteuses asiatiques les plus populaires jusqu'aux années 1990. Sa popularité a ébranlé la barrière symbolique entre Taïwan et la RPC, car elle était Taïwanaise. Sa voix a été décrite comme comportant "7/10e de douceur et 3/10e de tristesse. Une "crooneuse" en quelque sorte, si vous permettez le néologisme. Sa discographie s'élève à 200 disques produits à 50 millions d'exemplaires. Une carrière extraordinaire pour une chanteuse asthmatique. C'est d'ailleurs une crise d'asthme qui l'emporta à l'âge de 42 ans, alors qu'elle était en tournée en Thaïlande, laissant un grand nombre de ses fans éplorés et sans doute également ses anciens compagnons tel l'acteur Jackie Chan.

A ses débuts, Mlle Deng (elle ne se maria jamais) était bannie des ondes chinoises, les autorités considérant que sa musique était "décadente" et risquait de mettre à mal la volonté de la révolution chinoise. Mais j'ai lu qu'un fan de Teresa Deng mentionnait une citation usuelle qui voulait que la journée, on écoute le "vieux Deng" (Xiao Ping), mais la nuit, c'était la "petite Deng" que l'on voulait entendre, ce qui semble montrer que beaucoup de chinois avaient deux faces : celle, officielle, de l'approbation de la raison d'Etat, et, en catimini, celle du rebelle qui souhaite sortir de l'étau étatique qui étrangle les libertés.

Les chansons de Mlle Deng, ceci étant, n'étaient ni acrimonieuses ni revendicatrices, mais de simples chansons folkloriques et ballades amoureuses innocentes et touchantes. En 1980, Teresa Deng devait se produire en RPC mais au dernier moment les autorités refusèrent son entrée en Chine continentale. Voici l'une de ses chansons les plus connues : La lune reflète mon coeur (月亮代表我的心 - yuè liàng dài biǎo wǒ de xīn) :





月亮代表我的心
yuè liàng dài biǎo wǒ de xīn
La lune reflète mon coeur
 __________



你问我爱你有多深
nǐ wěn wǒ ài nǐ yǒu duō shēn
Tu veux savoir à quel point je t’aime
   我爱你有几分
wǒ ài nǐ yǒu jī fēn
Quelle est l'ampleur de mon amour
   我的情也真
wǒ di qíng yě zhēn
Ma passion est si forte
我的爱也真
wǒ di ài yě zhēn
Mon amour si sincere
月亮代表我的心
yuè liàng dài biǎo wǒ di xīn
La lune reflète mon cœur
  你问我爱你有多深
nǐ wěn wǒ ài nǐ yǒu duō shēn
Tu veux savoir à quel point je t’aime
 我爱你有几分
wǒ ài nǐ yǒu jī fēn
Quelle est l'ampleur de mon amour
我的情不移
wǒ di qíng bù yí
Mon sentiment n'a pas changé
我的爱不变
wǒ di ài bù biān
Et mon amour est toujours le même
 月亮代表我的心
yuè liàng dài biǎo wǒ di xīn
La lune reflète mon coeur

 轻轻的一个吻
qīng qīng di yí gē wěn
Ton baiser m’effleurant
  已经打动我的心
yǐ jīng dǎ dòng wǒ di xīn 
A déjà fait battre mon cœur
  深深的一段情
shēnshen di yí duànqìng
La force du moment
叫我思念到如今
  jiào wǒ sī niàn zhì dào rú jīn
 J’en rêve encore aujourd'hui
你问我爱你有多深 
nǐ wěn wǒ ài nǐ yǒu duō shēn
Tu veux savoir à quel point je t’aime
我爱你有几分  
wǒ ài nǐ yǒu jī fēn
Quelle est l'ampleur de mon amour

你去想一想
 nǐ qù xiǎng yí xiǎng
 Mais réflechis bien
你去看一看
 nǐ qù kàn yì kàn
 Oui, regarde bien
月亮代表我的心

 yuè liàng dài biǎo wǒ di xīn
 La lune reflète mon cœur
  
On répète les trois dernières strophes encore une fois.
_________




Teresa Deng prononce "de" de façon légèrement différente : "di", ce qui est parfois utilisé en chanson pour adoucir le son. J'ai noté cette prononciation dans la traduction.

NB : cette chanson a été l'objet pendant plusieurs années d'un litige concernant ses droits d'auteur.
Par ailleurs,  la traduction courante de 月亮代表我的心 (yuè liàng dài biǎo wǒ de xīn) est "La lune représente mon coeur", mais elle n'est pas forcément la plus adaptée. D'après mon professeur, une meilleure traduction serait : "La lune éclairera mon coeur", mais j'en ai trouvé une autre :  "La lune reflète mon coeur", qui me paraît encore plus proche de l'image voulue et c'est ainsi que j'ai traduit la phrase. A vous de me dire laquelle vous semble la plus pertinente ou si vous pensez à une traduction encore plus appropriée.




vendredi 1 janvier 2016

Les petites fleurs rouges



Kan Shang Qu Hen Mei. C'est le titre d'un film de YUAN Zhang, qui a obtenu le prix CICAE au Festival de Berlin de 2006, qui a été sélectionné la même année au Festival de Sundance et a également obtenu le Grand prix Robert Bresson au Festival de Venise.





L'histoire est celle d'un tout petit garçon de moins de 3 ans, Qiang-Qiang, que son père place dans une pension. Nous entrons là dans le monde de petits pensionnaires d'une école maternelle dans cette Chine qui semble sortir des années 1960. C'est un huis-clos plein de minots qui apprennent la discipline des petits : comment on enlève son pull, comment on lève la main avant de répondre, ce qu'il faut faire pour être propre et pour avancer en rang deux par deux (en tenant la ficelle au milieu). Le tout mené presque tambour battant par une poignée d'institutrices-surveillantes qui encadrent avec douceur ou cruauté ce petit monde sorti du nid.

Le jeune Qiang-Qiang n'arrive pas à s'habituer aux conditions peu maternelles de cette pension et se rebelle. Curieux, il n'arrive pas à rentrer dans le rang et ne pense qu'à s'échapper. Il finit même par entraîner ses camarades à monter un coup contre une institutrice qu'il voit comme un monstre.
Une prouesse d'arriver à faire jouer tous ces petits entre 4 et 6 ans.

Les petites fleurs rouges, ce sont leurs bons points. Les petites fleurs de papier remplacent nos gommettes bleues et rouges d'antan. Le film nous renvoie loin en arrière dans notre intimité presque primitive et nous fait retrouver notre regard d'enfant, nos peurs et nos petits moments de joie. C'est là que l'on voit que notre enfance n'est pas si éloignée de la leur.