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Bandeau théière calli

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dimanche 29 décembre 2013

La politique de l'enfant unique s'assouplit


La République Populaire de Chine, qui a recensé en 2012 une population de 1 milliard 351 millions d'habitants, a adopté hier (28/12/13) une résolution visant à autoriser les couples dont au moins l'un des membres est enfant unique à avoir deux enfants. Une dizaine de millions de couples seraient concernés. Les règles dans les provinces ne suivant pas forcément les lois nationales, l'ANP enjoint, par ailleurs, les autorités provinciales à "amender leurs règlements et prendre des actions spécifiques". L'agence Chine Nouvelle indique que ces règles entreront en vigueur dans certaines provinces et régions dès le premier trimestre 2014.
C'est en 1979 que la politique de l'enfant unique voit le jour en Chine dans le but de ralentir l'accroissement démographique galopant du pays. D'après les autorités de la RPC, cette politique aurait permis d'éviter 400 millions de naissances. Depuis août 2007, l'autorisation d'un deuxième enfant était déjà possible dans certains cas exceptionnels, comme pour les couples habitant en milieu rural (sauf dans le Henan) ou ceux dont le premier enfant était une fille. Il faut savoir également que les familles financièrement à l'aise n'hésitaient pas à enfreindre la loi, ayant les moyens de payer l'amende prévue en cas d'infraction.

Extrait d'un billet sur un ouvrage intitulé NAITRE EN CHINE, que j'ai posté le 10/11/12 sur http://bea007.over-blog.com/ :

En 2008, à l'approche de J.O. en Chine, aux Editions "Alternatives", est paru un livre incontournable pour qui veut comprendre l'historique de la politique de l'enfant unique en Chine : NAITRE EN CHINE. Qiang Zhang et Françoise Chabert ont mis leurs connaissances et leurs efforts en commun pour nous décrire avec franchise cette saga particulière et nous parler des résistances à cette politique ressentie par beaucoup comme inhumaine.
Extraits choisis (génèse de cette loi) :

1949 : Mao Zedong fonde la RPC.

1950 : 1ère loi sur le mariage. "Libre" choix du conjoint, validé par l'unité de travail, enregistré par le bureau des mariages. Difficultés d'application. La bigamie devient illégale.
1953 : 600 millions de citoyens. Des intellectuels suggèrent la restriction des naissances. Production de contraceptifs. Avortement et stérilisation accessibles sur demande avec l'autorisation du mari.
1957 : Campagne de "rectification" : chacun exprime son point de vue sur les questions politiques. Les intellectuels, sociologues et démographes sont déclarés réactionnaires.
1958 : politique du "Grand Bond en Avant". L'Etat a besoin de bras pour produire. On interrompt la production de contraceptifs.
1959-61 : La politique agricole est mise en difficulté. S'ensuit une famine qui fera 30 millions de morts et sera cause de multiples infécondités.
1962 : Baby boom en RPC. 2e campagne de contrôle des naissances. Le mariage ne peut se faire avant 20 ans pour les filles, 22 pour les garçons.  Plus besoin de l'autorisation du mari pour avorter. La vasectomie est encouragée, la contraception largement diffusée.
1971 : 20 millions de personnes en plus chaque année. Instauration de la politique des quotas. Le nombre d'enfants est limité à 2 en ville et 3 à la campagne. Peu de contrôles. La Chine entre à l'ONU.
1975 : Ebauche d'une politique d'économie de marché. Début du programme des 4 modernisations lancé par le Premier ministre Zhou Enlai.

1976 : Mort du Président Mao Zedong de la maladie de Charcot. Il n'a pas désigné de sucesseur.
1978 : Le parti exige des contrôles rigoureux. Seuls les Mongols et Ouigours (peu nombreux) ne sont pas concernés par les quotas.
1979 : Certificat de l'enfant unique, qui donne lieu à des primes, à la gratuité des soins médicaux et scolaires, facilite le logement en ville et permet l'attribution d'un peu de terre pour les paysans. Sanctions pour les réfractaires : retenue sur salaire, licenciement, maison saccagée par le planning familial.
1980-82 : La Constitution rend obligatoire la limitation des naissances.
1991 : les cadres du parti sont rendus responsables de cette politique. Fausses déclarations en nombre.
1999 : Renforcement du contrôle et de la délation. 

2006 : Durcissement. Les provinces sont sommées de rendre des comptes. Les familles les plus aisées peuvent se payer le luxe d'acquitter les amendes ou passe-droits.
2007 : Au Guangxi, où la loi n'est pas respectée (les cadres du parti ne la respectent pas non plus dans cette région). Répression violente. Avortements non consentis ou stérilisations forcées ont lieu. Possibilité pour les couples de parents eux-mêmes enfants uniques d'avoir deux enfants (sauf dans le Henan, qui est très peuplé). L'Etat laisse une grande autonomie aux provinces.

samedi 28 décembre 2013

Les camps de rééducation par le travail enfin abolis


 NEWS


On les croyait depuis longtemps disparus, pourtant, l'information provient de l'agence de Presse officielle "Chine Nouvelle" et la plupart des journaux et magazines s'en font l'écho ce matin : la "plus haute instance législative chinoise" vient d'adopter aujourd'hui (28/12/13), plusieurs motions abolissant définitivement les camps de rééducation par le travail. Le Comité central du Parti Communiste Chinois (PCC) s'est réuni en conclave pour entériner par décision de l'Assemblée Nationale Populaire (ANP), les dernières décisions du Parti.

C'est en 1957, alors que le Président Mao en est à sa 8ème année de double pouvoir (Parti et Etat), que le Grand Timonier fait mettre en application ces camps de rééducation par le travail (LaoJiao) où l'on y envoyait quiconque était soupçonné d'être un mauvais communiste. Les organisation de défense des Droits de l'Homme n'ont pas cessé de dénoncer les abus de ce système, qui permettait la détention jusqu'à 4 ans (parfois dans des conditions très dégradantes et sanitairement dangereuses - certains parlent même de tortures), de contestataires militants ou non, ou des traditionalistes, sur simple décision de police. Le système judiciaire de la République Populaire de Chine ayant évolué et l'opinion internationale étant devenue un point d'attention particulier au vu des relations commerciales du pays, les lois se sont assouplies. 

Le Parti unique indique que ces camps sont aujourd'hui devenus "superflus" au vu du "développement" du système judiciaire de la République. Néanmoins, selon l'Agence Française de Presse, des experts ont "mis en garde contre la probable persistance en Chine, sous des noms différents, d'autres formes de détention arbitraire."
Lien sur une video de CNN de septembre 2013 à propos des camps : ICI.

Extrait traduit de North Country Public Radio :

"D'anciennes détenues parlent - Le ministre de la Justice indique que 160.000 personnes ont été emprisonnées dans 350 camps de rééducation par le travail en 2008.
Les détenus comprennent des prostituées, des usagers de drogues et des personnes comme Shen, qui ont lancé une pétition au gouvernement central afin de redresser les torts de responsables locaux. Les authorités locales utilisent souvent les camps de travail pour baillonner les critiques en effectuant un minimum de travail bureaucratique. 'Les responsables locaux ne veulent pas laver leur linge sale en public', indique Maya Wan, une chercheuse de Hong-Kong qui surveille les Droits de l'Homme. 'C'est la police qui gère les détentions. Elle n'a pas besoin d'aller devant les tribunaux ni de présenter des preuves'".


Les organes du pouvoir d'Etat :
  • L'Assemblée Nationale Populaire
  • Le Président
  • Le Conseil des Affaires de l'Etat
Les membres du Conseil des affaires de l'État incluent le Premier ministre, un nombre variable de vice-Premiers ministres (actuellement au nombre de 4), 5 conciliateurs d'État (avec des portefeuilles réduits par rapport aux vice-Premiers ministres), et 29 ministres et Commissions du Conseil des affaires de l'État. 

Dans les années 80, certains membres du pouvoir tentèrent de faire séparer les fonctions d'État et de Parti, avec le Parti décidant des grandes lignes politiques et l'État ayant pour tâche de les mettre en œuvre. Mais l'idée fut abandonnée par le gouvernement central dans les années 90, après les événements de Tian An-Men, la direction politique de l'État étant détenue par les dirigeants du Parti, créant une concentration de pouvoir dans un faisceau unique.

Dans un même temps, un accord a été décidé, séparant le Parti et les bureaux d'État à des niveaux autres que ceux du gouvernement, et on ne connaît pas aujourd'hui de membre de l'exécutif au niveau national qui soit en même temps secrétaire du Parti, hors quelques cas particuliers tel celui des régions administratives de Hong Kong et Macao où le Parti n'intervient pas.


A l'heure actuelle, l'Assemblée Populaire approuve le plus souvent les directives et recommandations du Conseil des Affaires de l'Etat. Pour autant, il sert de plus en plus de contre-poids à la législation nationale et il lui est arrivé de forcer la révision de certaines lois. Si le Parti définit la ligne générale que les différents organes de l'Etat traduisent en décisions politiques, le système est en constant équilibre entre la direction communiste radicale et les diverses administrations, dont une direction bureaucratique qui amerait bien que l'Etat domine le Parti, ce qui génère parfois des tensions entre les deux pôles de la balance.


Mao Dzedong dans les mémoires :

La Chine a fété avant-hier les 120 ans de la naissance de Mao Dzedong. L'actuel Président, Xi JinPing, qui évoque depuis un an, avec admiration, le régime de Mao, devait prononcer un discours à sa mémoire. Selon le magazine "Pélerin", la nouvelle équipe au pouvoir depuis un an "n'a cessé de remettre Mao au goût du jour dans une tentative de remettre un peu de 'morale' au coeur d'une société chinoise en quête de repères". Toujours d'après le magazine, le bilan de Mao divise encore, les vieilles générations restant souvent élogieuses, rappelant qu'il a mené la lutte contre les nationalistes, vaincu les Japonais, pacifié le pays et fondé la RPC - mais oubliant que cette période a été celle des pires répressions politiques, la collectivisation des terres (dès 1950) ayant fait plus d'un millions de morts (d'après les historiens chinois) et le "Grand bond en avant" (dès 1958) ayant provoqué une famine qui a tué plus de 40 millions d'habitants (d'après des universitaires chinois). Sans oublier la Révolution culturelle qu'il a lancé en 1966 et qui plongea le pays dans une guerre civile faisant plus de 10.000 morts (encore d'après des universitaires chinois).