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Bandeau théière calli

Bandeau théière calli

lundi 27 mai 2013

Yue Minjun

Vous savez qui est l'artiste contemporain le plus côté actuellement ? C'est Yue Minjun / 岳敏君, peintre chinois très en vogue et spécialiste des personnages arborant un rire jusqu'aux oreilles. Yue Minjun a exposé pour la première fois en grand (une centaine de dessins et ses toiles les plus emblématiques) en Europe de novembre 2012 à mars 2013. Intitulée "L'ombre du fou rire", l'exposition s'est tenue à la Fondation Cartier pour l'Art contemporain à Paris.


« C’est la première fois que je vois autant de mes oeuvres accrochées en même temps », avait alors confié l'artiste au journal Libération. « C’est également la première fois que je m’examine », poursuit-t-il. « En visitant l’exposition, j’ai détecté pas mal de maladresses dans mes peintures. Je me suis dit que je ne faisais pas partie des peintres qui savent se cacher ; je m’exprime de façon directe et simple ».
 
Yue Minjun est né en Chine en 1962 à Daqing, dans la province de Hei Long Jiang. Il est considéré comme une icône de la peinture chinoise contemporaine. Minjun fait partie, quoi qu'il le réfute parfois, du mouvement artistique appelé « réalisme cynique », qui a pris son essor après les manifestations étudiantes de la place Tian’anmen en 1989. Révélé au monde entier après sa participation à la Biennale d'art contemporain de Venise en 1999 et la vente record de sa toile "Exécution" en 2007, Yue Minjun a développé depuis les années 1990 une iconographie spécifique mêlant références picturales et références historiques, que ce soit à partir d'une iconographie issue des grands mythes et légendes ou de la réalité politique.

C'est d'ailleurs à la Biennale de Venise que Yue commence à fabriquer une version sculptée de sa signature d'auto-portraits, parodiant la très célèbre armée de guerriers Qin de terre cuite de Xi-An. Sa version souligne la tendance contemporaine au clonage, que ce soit au niveau de l'apparence ou à celui, moins superficiel, des idée : au lieu de mettre en avant, à l'instar de ce qui avait été fait pour les guerriers de terre, chaque différence, il pousse au contraire son pinceau à reproduire comme des copiés-collés. 

Les toiles de l'artiste sont en général de très grand format et aux couleurs éclatantes. On y voit des personnages -hommes le plus souvent- au rire figé , des autoportraits qu'il s'est amusé à cloner sans répit. Une sorte de folie anime ses monstres uniques et multiples, témoins d'une société où le modèle unique et parfait, toujours souriant, est mis en avant. Yue Minjun s'amuse parfois à reproduire des tableaux de l'art occidental tout en y supprimant les personnages et y plaçant le sien de façon compulsive, voire obsessionnelle.
Si vous aimez la symbolique et les clins d'oeil historiques, vous aurez plaisir à projeter votre vision dans ses tableaux. De toute façon, vous y prendrez forcément plaisir. Enfin... je crois. Même si certaines de ses évocations prêtent plutôt à la réflexion introspective et parfois très sombre, malgré la lumière et la couleur qu'il y met.

lundi 20 mai 2013

Le papier chinois

Selon toute vraisemblance, l'origine du papier se situe en Chine vers le début du IIe siècle de notre ère. En l'an 105, un officier chinois du nom de Tsaï-Lun, habitant de la province de Canton, semble avoir été e premier à mettre en oeuvre un procédé réunissant diverses matières végétales, bambou, chiffon de chanvre et de coton. Ce processus fut gardé secret jusqu'en 751, époque où se déroula, près de Samarcande, une bataille entre Chinois et Arabes. A l'issue de cet affrontement, ces derniers firent des prisonniers, et parmi eux on repéra quelques artisans papetiers. Ainsi, les Arabes jetèrent les bases d'une véritable industrie papetière, qui parviendra jusqu'à nous, empruntant la filière classique de la route des caravanes.

Après que Tsaï-Lun eut présenté son invention à l'empereur Ho, de la dynastie des Hans Postérieurs, le procédé ne tarda pas à se répandre dans plusieurs contrées de la Chine. Le territoire étant vaste et la matière première abondante, chaque région possédait ainsi sa recette. Le processus de fabrication du papier chinois ne diffère guère de celui utilisé en Occident, si ce n'est par la composition de la pâte. En effet, les Chinois ont substitué la pâte de mûrier et de bambou à celle qui nous est plus familière, constituée en majeure partie de chiffons de chanvre ou de lin. Notons toutefois que ce mûrier à papier, Broussonetia papyrifera, représente une variété de celui dont les feuilles servent à nourrir les vers à soie.


Ci-dessus : photo d'une fleur de Broussonetia papyrifera prise dans la rue des Bouisses (Montpellier), juste à côté de chez moi !

Cet arbre doit son nom à Pierre-Marie Auguste Broussonet (1761-1807), botaniste français qui fut le premier à introduire des pieds femelles de mûrier à papier de Chine à la fin du XVIIIe siècle. Broussonet obtint son titre de docteur en médecine à Montpellier en 1779, année où il présenta son premier mémoire consacré aux poissons.

Dès l'époque Tang (618-907), cet arbuste que les Chinois nomment Shu (1er ton), fut cultivé d'une manière intensive. L'écorce du Broussonetia ne figure pas seule parmi les ingrédients à entrer dans la composition du papier ; citons également des cocons de soie, des jeunes pousses de riz, des lianes ou de la mousse. Le papier chinois constitue un matériau incomparable pour le tracé à l'encre de Chine. Une des qualités essentielles de ce support réside dans sa capacité d'absorption et d'arrêt soudain de l'encre.  Néanmoins, dans certains travaux de précision (peintures, dessins), le papier oriental peut être préparé à l'aide d'une solution de colle de peau afin d'en atténuer le pouvoir absorbant. Cette sorte de papier se nomme Gong bi en chinois.


De nos jours, le type de papier le plus courant destiné à la calligraphie, la peinture ou le montage est le Xuan Zhi (宣纸). On en fabrique de nombreuses variétés : le veiné, très apprécié des calligraphes, qui se caractérise par ses fines vergeures et son velouté.

Notons en dernier lieu que l'appellation "papier de riz" servant à désigner le papier oriental dans son ensemble constitue un abus de langage. En effet, il existe un papier de cette sorte, mais ce dernier semble surtout réservé à certains travaux mineurs en raison de sa couleur ocre et de sa grande fragilité.

Source : "Calligraphie", de Claude Mediavilla, aux Éditions Imprimerie Nationale.


Wang Dongling - 王冬齡


Après le décès de Mao en 1976 et le début de libéralisation du contrôle politique, les artistes chinois ont commencé à se lancer dans l'expérimentation de différents supports. Beaucoup d'entre eux furent influencés par  les mouvements occidentaux. En 1985, des artistes qui se faisaient appeler les "calligraphes modernes" ont exposé leurs oeuvres à Beijing. Leur abandon des règles strictes de composition et l'utilisation nouvelle du pinceau, qui faisait plus penser à de la peinture contemporaine et à de la chorégraphie qu'à de la calligraphie classique, a quelque peu surpris les visiteurs. Une nouvelle vague de calligraphes était née, se libérant du joug d'un académisme séculaire.

Parmi ces précurseurs du "mouvement expérimental de l'encre" : Wang Dongling. Né en 1945, à la fois peintre et calligraphe, cet artiste, qui a séjourné aux USA, où il a étudié l'Art moderne occidental, enseigne à présent à la "Chinese Art Academy".

 Ci-dessus : "La porte mystérieuse"
(utilisation du style sygillaire)

Wang Dongling a élevé la forme gestuelle au-dessus du contenu. Ceci étant, Wang continue de s'intéresser à la calligraphie traditionnelle ; il marque une certaine emphase dans l'acte d'écriture considérée comme expression de la relation entre l'Art et le corps : il a montré son utilisation non seulement des brosses, mais aussi des mouvements de ses doigts, de ses poignets, de ses bras et de tout son corps. Et puisque l'on parle de corps, sans doute est-il utile de noter qu'il n'hésite pas parfois à utiliser celui de la femme pour magnifier ses oeuvres.


L'artiste participe régulièrement à des démonstrations événementielles où il calligraphie des poèmes sur des supports de papier de riz de très grandes tailles posées à même le sol,  que ce soit en extérieur ou en intérieur. Ses happenings amènent toujours beaucoup de spectateurs et de journalistes.

Boeuf aux oignons

Voici une recette très simple et néanmoins savoureuse.



Ingrédients, pour 4 à 6 personnes :

- 500 gr de boeuf de bonne qualité et peu gras
- 3 ou 4 gros oignons
- maïzena (ou à défaut farine)
- huile d'arachide
- huile de sésame
- graines de sésame grillé
- sauce soja
- Nuoc Mam
- sucre en poudre

Préparation :

Coupez le boeuf en fines lamelles et émincez les oignons. Mélangez le boeuf avec 1 cuiller à soupe de maïzena, 1 cuiller à café d'huile de sésame (à choisir pas trop foncée), 1 cuiller à café de Nuoc Mam, 3 cuillers à soupe de sauce soja et 1 cuiller à café de sucre en poudre (roux de préférence).

Laissez mariner pendant une demi-heure environ.

15 minutes avant la fin de la marinade, mettez 4 cuillers à soupe d'huile d'arachide dans une poelle ou un wok. A feu vif puis moyen, faites blondir l'oignon tout en remuant. Lorsqu'il est presque transparent, portez à feu très vif et ajoutez le boeuf, que vous ferez sauter en mélangeant (comptez 4 à 5 minutes). Parsemez d'une cuiller à soupe de graines de sésame. Salez si besoin.

Servez bien chaud, accompagné de riz parfumé ou de nouilles sautées. Vous pouvez présenter avec quelques feuilles de corriandre légèrement ciselées sur le dessus.

dimanche 19 mai 2013

Enigme sur fond noir

Qu'est-il écrit ?

Uma est une jeune fille charmante. A la fois simple et mystérieuse. Je l'ai accompagnée - avec sa mère calligraphe - pour tenter de retrouver sa jeune chatte perdue, une petite boule noire avec une lavalière blanche au doux nom de "Sirsha". Uma portait une veste à zip. Sur cette veste, à part l'inscription "Nasty girl" (ce qu'elle n'et pas), on pouvait lire aussi ces caractères chinois :



Après une recherche via mon dictionnaire kuaisu, voici ce que j'ai trouvé :
  • - ni (1) : fille esclave / servante / fillette.
  • - fan (4) : bouddhique / brahmane / sanscrit / calme, silence, pur / mystère, murmure du vent dans les arbres.
J'ai bloqué au premier idéogramme : introuvable ! Et puis Bruno est venu m'apporter le chaînon manquant. Normal que je ne le trouve pas, car il n'EXISTE PAS, écrit-il dans son com. Il fallait donc comprendre : - jian (3), qui veut dire "simple". Vous voyez qu'il possède une horizontale en plus, située dans la "bouche" (le carré), la transformant ainsi en "soleil".

Résultat des courses, cela donne :

 简 妮 à prononcer "Djiannifan", qui serait la transcription du prénom "Jennyfer", correspondant très probablement à la marque d'un fabricant de vêtements situé à Bagnolet (93). Il s'agit donc ici de phonogrammes = éléments phonétiques et non d'une traduction de type sémantique ("Simple jeune-fille mystérieuse"). Il semblerait que le fabricant français fasse fabriquer ses vêtements en Chine et en Turquie. Vu l'erreur de calligraphie, je pencherais plutôt pour la Turquie... en tout cas pour la veste d'Uma.

Notez les clés (radicaux) :

Jian = clé du bambou (au-dessus)
Ni = clé de la femme (à gauche)
Fan = clé de la forêt (au-dessus)

NB pour nos amis francophiles : En français, le mot "fabricant", avec la lettre "c" est utilisé pour le manufacturier. Lorsqu'on écrit "fabriquant" avec les lettres "qu", il s'agit toujours du participe passé !

Grammaire : le "FLEXI" de Berlitz

Berlitz a sorti un petit dépliant sur les notions essentielles de grammaire chinoise bien utile pour les débutants comme moi :

CHINOIS
Grammaire essentielle

Collection FLEXI grammaire
Diffusion : Bay Foldex (à Montreuil)
Prix 2012 : 2,95€



Pour ma part, je me le suis procuré à la librairie Sauramps de Montpellier, qui possède un petit rayonnage pour le mandarin au dernier étage.

Constitué de 6 feuillets recto-verso de format 1/3 de A4, cartonnés, brillants, repliés en accordéon, c'est un petit guide hyper condensé et pratique car on peut le laisser dans son sac et le feuilleter dans une salle d'attente, le tram ou en attendant son tour à la caisse. On l'ouvre sur le chapitre que l'on souhaite réviser et le tour est joué.

Les minis chapitres qu'il comporte :
  • Introduction au mandarin
  • Explication sur les sinogrammes
  • Prononciation et tons
  • Noms communs
  • Pronoms personnels
  • Possessifs
  • Démonstratifs
  • Spécificatif (une spécialité chinoise
  • Pronoms interrogatifs
  • Numéraux
  • Adjectifs (dont verbaux)
  • Verbes
  • Verbes auxiliaires
  • Localisation
  • Locatifs
  • Redoublement du verbe ou de l'adjectif
  • Négation
  • Adverbes
  • Temps
  • Interrogation : 3 méthodes
  • Oui et non
  • Prépositions
  • Conjonctions
  • Particules structurales
  • Ponctuation

Mini format, mini prix, mais il fait le maximum !

NB : il existe également un dépliant pour un condensé de vocabulaire.

jeudi 16 mai 2013

Institut Confucius à Montpellier

A la rentrée prochaine un Institut Conficius devrait voir le jour à Montpellier. Ce sera le troisième, après Aix et Toulouse à être hébergé dans le Sud de la France. La date prévue pour sa mise en place est le 3 septembre 2013.
A l'origine d'un accord entre une université chinoise et une université d'acceuil à l'étranger, les instituts Confucius ( kǒngzǐ xuéyuàn - 孔子学院) sont des établissements culturels publics. Implantés depuis 2004 par la République Populaire de Chine dans plusieurs villes du monde ; ils sont déjà 14 en France. L'objet principal est de promouvoir la culture chinoise en dispensant des cours de chinois et en participant à divers événements. L'Institut soutiendra l'enseignement du mandarin en et hors Université. Il délivrera un diplôme, le Hànyǔ Shuǐpíng Kǎoshì ( HSK汉语水平考试), une sorte de "TOEFL" (Test of English as a Foreign Language) chinois.
La Chine et la France ont fortement accru depuis plusieurs années leurs programmes de développement et de coopération. De même, les entreprises qui travaillent avec la communauté scientifique sont de plus en plus nombreuses. Montpellier tient à renforcer ses relations scientifiques et à participer à l'échange culturel entre la ville française et la République phare asiatique.
Montpellier compte à l'heure actuelle plus de 700 étudiants chinois et de plus en plus d'élèves qui s'intéressent aux relations entre les deux pays. Pour l'Institut de l'UM2 de Montpellier (Sciences et Techniques), le partenariat se fera avec  l'Université des Sciences Electroniques et des Technologies de Chine (USETC - 电子科技大学 ), basée à Chéngdū ( 成都), capitale du Sichuan jumelée avec Montpellier.
Le 12 mars dernier, une délégation de l'USETC représentée par Madame Zhu Xiaoyu, Ministre-Conseiller pour l’éducation et Madame Liu Jingyu, Première Secrétaire de l’Ambassade de Chine, s'est rendue à l'UM2 pour étudier les modalités de création d’un Institut Confucius. Celui-ci est prévu pour s'articuler autour de trois axes principaux :
  1. des cours de chinois pour les étudiants et les adultes, ainsi que pour les enseignants et les chercheurs,
  2. l'organisation de conférences sur l'environnement et l'agro-alimentaire,
  3. l'organisation d'événements culturels.
Il est prévu la dotation de 2 salles de cours pour 15 élèves chaque, d'un centre de documentation multimédia et d'un bureau d'accueil. L'UM2 pense pouvoir lui dédier environ 100m2.

Contact :
09 81 98 88 01

Directrice :
Madame Christiane Prigul
06 58 15 71 71

 
Merci à Sébastien pour les précisions apportées à l'article.

lundi 13 mai 2013

Resto : Opium Noir

Un restaurant chinois essayé à Montpellier :

OPIUM NOIR


11 Place du Millénaire
34000 Montpellier
04 67 22 02 30
Quartier : Antigone
Tram : ligne 1

Appréciation :

Variable. La 1ère fois, nous y sommes allés en groupe, avec des collègues et notre professeure de chinois. Nous avons opté pour la formule groupée afin de goûter un peu à tout. Et c'était vraiement excellent. Nous étions à l'intérieur car c'était en février, pour fêter le nouvel an chinois. Ils affichent aussi des spécialités thaïlandaises (non, pas celles avec les mains !!).

Le propriétaire est un vrai chinois (pas le serveur). On le voit parfois absorbé dans ses pensées (taoïstes ?). Si vous lui parlez en mandarin, il sera ravi. Le serveur affiche toujours une mine réjouie, ce qui fait du bien.

La 2e fois, j'y suis allée avec deux amis du cours. Cette fois-ci, le soir. Il y a des tables à l'extérieur et c'est vraiment très agréable de manger sous les pins, malgré le manque de lumière. Pour ce qui est des plats, j'ai opté pour un porc au caramel, certes goûteux, mais sans aucune croustillance. Quant à la soupe Thaï, je l'ai trouvée un peu fade. Les amis ont pris des nems, c'est une valeur sûre. Et du porc à l'aigre-douce, qui avait l'air tout à fait correct.

Le lieu : petit restaurant type familial et sans prétention. Terrasse agréable avec la perspective d'une place à une autre en enfilade dans le quartier piéton.
Service : simple, aimable et plutôt rapide (surtout lorsqu'ils veulent fermer).
Toilettes : propres.
Tarif : Abordable lorsqu'on ne prend pas de boisson.

vendredi 10 mai 2013

我和你 - Toi et moi

我和你 (Wǒ hé nǐ)

Cette chanson ne fait pas partie du top 50 du mois. Elle date même plus qu'un tantinet puisqu'elle a été mise en ligne le 8/8/08 pour les Jeux Olympiques de Beijing. Ecrite par le Sino-Français Chen Qigang, cette balade a été interprétée par le chinois Liu Huan et la britannique Sarah Brightman lors de la cérémonie d'ouverture élaborée par le grand réalisateur Zhang Yimou.

Sebastien m'a envoyé le Youtube, que je m'empresse à mon tour de poster ici pour les étudiants débutants puisqu'il y a très peu de paroles et qu'elles sont simples. De plus, comme dans la plupart des videos de chansons chinoises, les paroles/caractères défilent en bas d'écran, comme pour le Karaoké (Kétiway). Bien pratique pour suivre.


NB : Notez que les chinois mettent le pronom à la 1ère personne en première position, ce qui donne littéralement MOI (我) et TOI (你).

Voici les paroles et leur traduction :

我和你 Wǒ hé nǐ (Toi et moi)

Wǒ hé nǐ, xīn lián* xīn, tong zhù dìqiúcūn,
我和你,心连心,同住地球村,

Toi et moi, nos coeurs sont joints, notre monde est une famille.

Wéi mèngxiǎng, qiānlǐ xíng, xiānghuì zài Běijīng。
为梦想,千里行,相会在北京。

Rêve de voyage, mille lieues, rencontre à Beijing.

Láiba!Péngyǒu,shēnchū nǐ de shǒu,
来吧!朋友,伸出你的手,

Allons ensemble, ami, mets ta main dans la mienne,

Wǒ hé nǐ, xīn lián xīn,yǒngyuǎn yìjiārén.
我和你,心连心,永远一家人。You and me, from one world, We are family.
Toi et moi, nos coeurs sont joints, notre monde est une famille.

* (lián) = (n./prép./v.) : Compagnie / y compris / joindre / lier / même.
  心 (xīn) = Coeur / pensée / esprit / intention.

mercredi 8 mai 2013

Lire et écrire le chinois - Larousse

Qu'est-ce qui m'a amenée à m'intéresser à la culture chinoise ? Lors d'une manifestation sur la Place de la Comédie (Montpellier), j'ai sympathisé avec un étudiant  et nous avons longuement discuté ensemble. Au moment de partir, il m'a demandé si ça me dirait d'apprendre le mandarin, car nous parlions un peu de la Chine. L'idée, à laquelle je n'avais jamais pensé, me plaisait bien, tout d'un coup. Il a alors sorti un livre de son sac et insisté pour que je le prenne en cadeau. Je n'ai pas eu trop le temps de comprendre. Je l'ai remercié et il est parti à toute allure car il était en retard à un rendez-vous. Je ne l'ai jamais revu et je ne sais toujours pas pourquoi il m'a offert ce livre.

Le livre, le voici :

LAROUSSE Langues orientales
Lire et écrire le chinois
Édition : 2007 - 192 pages - Format type Poche


Intriguée par ce geste, qui me semblait correspondre à une sorte d'appel du destin, j'ai commencé à lire le livre dès mon retour à la maison. Étonnamment, il n'y est que peu question de la façon de prononcer ; c'est vraiment l'écriture qui est mise en avant.

Ce livre d'apprentissage est une méthode simple pour s'initier rapidement aux caractères chinois. C'est ainsi que je me suis un peu familiarisée avec les calligrammes qui n'étaient jusque là que du Chinois pour moi. Fondée sur la curiosité et le plaisir d'apprendre, la méthode, qui comporte des activités corrigées et des mini-tests d'auto-évaluation, fait avancer pas à pas, au rythme qui nous convient et à partir de thèmes logiques. On commence par s'intéresser aux origines de l'écriture, puis on apprend à tracer des caractères, puis des mots : nombres, dates, signes et repères, puis les loisirs. Un double lexique bilingue en fin d'ouvrage permet de retrouver à tout moment le sens d'un caractère ou d'un mot.


Je recommande cet ouvrage à quiconque souhaiterait s'initier à la langue chinoise. Grâce à lui, je me suis renseignée pour trouver des cours de calligraphie chinoise et c'est ainsi que j'ai fait la connaissance d'une calligraphe aux dons pédagogiques évidents : Sophie Liottier, qui est devenue mon amie, puis Sun ShanShan, maître calligraphe issue d'une longue lignée de grands calligraphes. C'est ainsi également que j'ai fini par m'inscrire à des cours de mandarin et j'espère bien un jour être capable de tenir une conversation digne de ce nom pour pouvoir enfin partir visiter une portion intéressante de la Chine. J'ai d'ailleurs rendez-vous à Beijing dans trois ans avec un ami qui habite.... en Nouvelle-Zélande !




mardi 7 mai 2013

Le Clodo du Dharma

Aujourd'hui, j'avais envie de vous parler d'un recueil de poèmes chinois que m'a offert une amie. Il s'agit d'une compilation de poésies du poète : HAN-SHAN (寒山, littéralement "montagne froide"), accompagnée de calligraphies de LI KWOK-WING et présentées par le sinologue Jacques PIMPANEAU (aux Éditions You Feng).


Il est communément admis que le poète, dont on a redécouvert les oeuvres qu'au XXe siècle, vécut probablement vers le VIIe siècle de notre ère, dans une région connue sous le nom de Han-Shan, c'est-à-dire "montagne froide", dans le massif du TianTai, au sud de Hangzhou.

Devenu personnage de légende, cet ermite hirsute et dépenaillé, fut souvent représenté hilare en compagnie de son ami le moine excentrique Shi-De. Certains se l'imaginent comme une sorte de hippy de son temps.

Ci-dessus (gauche) : diptyque Yan-Hui représentant le poète Han-Shan (image Wikipedia)

En 1954, Arthur Waley, un traducteur anglais, fait publier 27 de ses poèmes dans la revue Encounter. Peu à peu, d'autres érudits grands-bretons s'entichent de ce personnage étonnant. Burton Watson, professeur à l'université de Columbia, traduit 100 poèmes dans un recueil intitulé Cold Mountain, 100 poems by the T'ang poet Han-Shan. Gary Snyder en traduit 24 autres et Jack Kerouac consacra lui aussi tout un ouvrage à ce vagabond joyeux, Les Clochards célestes, c'est pourquoi le livre dont je vous parle lui est dédié.

Han-Shan est vénéré dans différentes parties de l'Asie, notamment chez les bouddhistes Chan (Zen) et les taoïstes comme l'incarnation de la divinité de la sagesse Manjusri. Au japon, la légende des deux compères  y est tenace ; ils y sont connus sous l'appellation de Kanzan Jittoku. En occident, il devient une icône des hippies et un modèle pour les contestataires de la "Beat Generation". Les récits qui parlent de Han-Shan et Shi-De les montrent se comportant comme deux simples d'esprit, éclatant de rire pour un oui pour un nom, faisant des pantomimes et se moquant de tout. Cette assimilation de Han-Shan par des mouvements de contre-culture américains a surpris le monde asiatique en même temps que provoqué un regain d'intérêt des universitaires chinois et japonais à son égard.

Han-Shan introduit les paysages chinois avec une vision sur l'univers qui semble une nouvelle façon de vivre. La culture qui le nourrit semble échapper à toute logique, à toute règle. Épris de liberté, c'est dans la solitude qu'il fit un travail intérieur, loin de toute religion ou philosophie établie.

Etrait :



Et voici le même texte calligraphié par Li Kwok-Wing :






dimanche 5 mai 2013

Des rouleaux pour ce printemps

Recette d'un grand classique :

LES ROULEAUX DE PRINTEMPS



Ingrédients pour 4 personnes :
  • 12 galettes de riz (diamètre : 18 cm)
  • Vermicelles de riz : 1 sachet de 200 g
  • 1 bonne douzaine de crevettes décortiquées de taille moyenne
  • 250 gr de blanc de poulet ou de porc hâché
  • 2 carottes
  • Facultatif : 1 botte de cresson et/ou de coriandre
  • 1 bouquet de feuilles de menthe
  • 100 gr de pousses de soja
  • Quelques larges feuilles de laitue ou batavia
  • Sauce Nuoc Mam
  • Citron
  • Sucre,
  • Carotte
  • Sauce piment/aïl
Préparation :
  • Cuire le poulet dans l'eau bouillante ou à la poelle (pour le porc : à la poelle). Une fois refroidi, tailler en fines lamelles de 3mm d'épaisseur.
  • Faire cuire les crevettes 2 ou 3 mn dans l'eau bouillante. Egoutter puis les couper dans la longueur.
  • Faire cuire les crevettes épluchées et découpées en fins bâtonnets.
  • Faire cuire 3 mn les vermicelles dans l'eau bouillante, égoutter et passer sous l'eau froide.
  • Laver les feuilles de verdure (menthe et salade).
  • Passer une à une les galettes de riz sous un filet d'eau tiède et les poser sur un torchon.
  • Sur chaque galette, déposer 1/2 feuille de salade, 2 feuilles de menthe côte à côte, quelques pousses de soja et un peu de vermicelles, 2 morceaux de poulet (ou un peu de viande hâchée) et un peu de carotte.
  • Ajouter, si envie, quelques pincées de cresson et/ou de coriandre.
  • Poser les crevette sur les ingrédients en prenant soin de mettre la face colorée du côté qui apparaîtra sous la galette.
  • Rabattre un peu les bords de droite et de gauche vers le centre puis enrouler le rouleau en serrant bien les ingrédients pour que le tout ne se délite pas. Le geste doit être franc mais délicat.
  • Servir avec des coupelles de sauce Nuoc Mam agrémentée.
  • Régalez-vous.
La sauce Nuoc Mam : on l'obtient en faisant mariner de petits poissons, des crevettes, du sel et du sucre. De couleur brun-rouge, cette sacue est très parfumée ; quelques gouttes suffisent. On peut la mélanger à un peu d'eau, de citron, de sucre, de piment et de carotte finement râpée, cela la rend plus douce et déclicieuse avec des rouleaux de printemps ou des nems. Pour la conserver plus lontemps : la garder au frigo.

La petite histoire du rouleau de printemps :

L'équivalent de la Toussaint chinoise, la Fêtte de Qing Ming, est une journée destinée au nettoyage des tombes familiales. Elle a lieu a chaque printemps vers le mois d'avril. Le rouleau de printemps étant facement transportable, il servait d'offrande alimentaire et était déposé pour ce faire sur la tombe familiale avant d'être consommé. Une ancienne tradition voulait que l'on n'alume aucun feu ce jour-là, ce qui rendait le rouleau de printemps idéal également pour cette raison.

Ecrire le chinois - les 214 clés


C'est le "petit livre rouge" de l'écriture chinoise. Pour qui veut familiariser sa plume à l'écriture des 214 clés de base, les radicaux constituant les idéogrammes chinois, c'est un bon outil. La contre-page présente les 8 traits fondamentaux. Le petit livre est aussi un cahier. De format carte postale, il peut s'emporter facilement dans une poche pour s'entraîner dès qu'on a quelques minutes devant soi.

A l'intérieur : des pages divisées en quadrillage de 5 colonnes et 7 lignes. Sur le carré de gauche : le modèle, en commençant par le plus petit nombre de traits (=1) et en ajoutant des traits régulièrement. Sur les 4 carrés suivant de chaque ligne : des espaces vides afin de reproduire soi-même la clé.

Le sens de chaque clé est indiqué. On peut s'essayer au pinceau, mais celui-ci doit être extrêmement fin, par exemple de type pinceau portable (avec un capuchon, comme les stylos plume). On peut sinon tracer les clés à l'aide d'un crayon ou d'un stylo plume ou bille.


Inconvénient : l'ordre de traçage des traits n'est pas indiqué.
Avantages : le format réduit et le coût (3,80 € prix moyen 2010)
Editions du Centenaire (01 42 02 87 05) à Paris.



vendredi 3 mai 2013

Initiation à la Calligraphie à PierresVives

Les Archives départementales de Montpellier
vous convient


les samedis 4 et 25 mai 2013
de 10h30 à 12h30

au nouveau bâtiment PIERRESVIVES
Section "Atelier de l'histoire"


Pour participer à des ateliers d'initiation à la
CALLIGRAPHIE CHINOISE



Public visé: 
Tout public à partir de 10 ans
Tarif: Gratuit
Intervention : Sophie Liottier, Calligraphe
Contact: 04 67 67 37 00
Modalités d’inscription: 
Sur réservation - 12 places disponibles

Bronzes archaïques au Musée Guimet

Du 13 mars au 10 juin 2013, le musée Guimet présente une centaine de bronzes archaïques chinois, chef-d’oeuvres de la prestigieuse collection Meiyintang.

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Paire de vases pour les offrandes de nourriture dui, Couvercle pouvant former une coupe,
Bronze, 31,4 cm, Dynastie des Zhou occidentaux, Période des Royaumes combattants
Ve s. av. notre ère © Vincent Girier-Dufournier

Réunie depuis plus de cinquante ans par un collectionneur passionné, exigeant, admirable connaisseur de l’Asie et des arts de la Chine en particulier, cette partie de la collection Meiyintang bien qu’elle fût connue pour avoir fait l’objet d’importantes publications, n’a cependant jamais été présentée au public. Elle le sera ainsi pour la première fois en France, au musée Guimet à travers le plus bel ensemble de bronzes archaïques chinois datant des deuxième et premier millénaires avant notre ère.

173-1 enligneA l’inverse de ce qui se rencontre dans les autres civilisations du bronze, les bronzes archaïques chinois n’ont pas de vocation utilitaire. Leur fonction est, dès l’origine, propitiatoire ou magique. En Chine, dès le XIXe siècle avant J.-C., ces bronzes sont les instruments privilégiés des rites offerts aux mânes des ancêtres pour solliciter leur puissance, notamment sur le champ de bataille.
Masquant les hésitations et la faiblesse d’une métallurgie qui cherche sa maîtrise, l’art du décor mais surtout l’audace des formes atteignent immédiatement à la perfection. En témoigne l’extraordinaire élégance, le geste inspiré du grand jue, ou coupe à alcool, témoignage exceptionnel de la civilisation Erlitou (XIXe-XVIe siècles av. J.-C.) par lequel commencera l’exposition.

Photo ci-dessus : Verseuse à eau zoomorphe yi, Bronze, H. 15,8 cm, Dynastie des Zhou orientaux, Période des Printemps et Automnes, VIIe-VIe s. av. notre ère © Vincent Girier-Dufournier.

Sous les Shang (XVIe-XIe siècles av. J.-C.) le décor s’enrichit de rinceaux et de masques taotie d’une fascinante abstraction.

Au cours des siècles suivants, sous les règnes des Zhou, les formes animalières fantasmatiques de plus en plus reconnaissables structurent le décor tandis que la maîtrise désormais acquise des techniques de fonte permet l’évolution et la complexification des modèles : la puissance et la force subjuguent la séduction. Les rinceaux deviennent des pointes, les masques portent des cornes.
 
Pendant la période des royaumes combattants (Ve-IIIe siècles av. J.-C.), la fonction rituelle des objets de bronze fait place à l’ostentation : le décor s’enrichit d’incrustation et les formes deviennent précieuses jusqu’à l’exubérance.

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Récipient à base carrée pour boissons fermentées fangfou
Décor imitant la vannerie, Bronze, H. 36,5 cm
Dynastie des Zhou orientaux, VIe-Ve s. av. notre ère
© Vincent Girier-Dufournier

Musée Guimet - Tél. : 01 56 52 53 45 ; fax 01 56 53 54 36 ; courriel : resa@guimet.fr


Retrouvez tous les trois mois, le programme du musée des arts asiatiques. Dans un même document, vous pourrez découvrir à la fois la programmation des activités culturelles et celle de l'auditorium mais aussi des informations sur les collections permanentes et les expositions.
Les versions papiers de la 'Lettre de Guimet' sont disponibles gratuitement à l'accueil du musée lors de votre visite.
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Démonstration de Calligraphie à Montpellier



中國成都書畫院法國分院

INSTITUT DE CALLIGRAPHIE ET DE PEINTURE CHINOISES DE CHENGDU EN FRANCE

Jean Louis TALAVERA

Démonstration de calligraphie chinoise

A 19 heures,le samedi 25 mai 2013

A l'institut de calligraphie et de peinture chinoises de ChengDu en France
35 rue de la Valfère 34000 Montpellier

35,rue de la Valfère 34000 MONTPELLIER
Tel :0467667746,0676933545.

A l'occasion de l'obtention de son diplôme de calligraphie de l’institut de calligraphie et de peinture chinoises de ChengDu en France,Jean Louis TALAVERA va montrer les styles régulier et cursif ,à travers les deux phrases du poème(望庐山瀑布contemplation de la cascade de la montagne Lu) du poète Li Bai(李白701-762) de la dynastie Tang(618-907) :


飛流直下三千尺

疑是銀河落九天



Le parfum de l'encre


C'est en juillet 1999 que je suis rentré dans la boutique de Shan pour découvrir la calligraphie chinoise. A la fin de sa présentation, j'ai eu droit à un examen surprise. Shan voulait être sûr que je n'étais pas venu en touriste !
Des années avec Shan, des années avec le pinceau avec des hauts et des bas, soutenu par son amitié.
La calligraphie chinoise, c'est le parfum de l'encre, le crissement du pinceau sur le papier, c'est surtout apprendre à faire tenir les caractères debout. C'est un champ de créativité formidable : on apprend à harmoniser une composition  où tout s'enchaîne trait, caractère, poème.
C'est faire danser le pinceau, pour danser sa vie.

Jean Louis TALAVERA

jeudi 2 mai 2013

Hero, de Zhang Yimou

Quelle chance !
En zappant hier soir, je suis tombée sur un film remarquable qui passait sur Arte :

HERO (英雄, Ying xiong), de Zhang Yimou


Zhang Yimou est aussi le réalisateur de "Epouses et concubines", "Le Sorgho rouge",  et "Le Secret des poignards volants".

Ce film réalisé en 2002 se place à un moment important de l'histoire de la Chine : celui de la montée en pouvoir du roi Ying Zheng, au IIIe siècle avant J.-C.. A cette époque, l'immense territoire qui deviendra l'Empire du Milieu (ZhongGuo - 中国) est divisé en 7 royaumes. On appelle cette période celle des Royaumes combattants.  En 221 avant J.-C., Ying Zheng, qui dirigeait le royaume des Qin (prononcer "tchine"), unifia les royaumes par la terreur et les massacres, n'en faisant plus qu'un seul : la Chine (dont le nom occidental correspond à celui du peuple Qin). Il devint donc le Premier empereur (se dit Ying Zheng Huang).



Les acteurs : On retrouve Zhang Ziyi (Lune) et Tony Lung Chi-Wai (Lame brisée) qui ont joué plus tard dans le "GrandMaster" de Wong Kar Wai, mais aussi Jet Li (Sans nom) et Maggie Cheung (Flocon de neige).

La trame : 6 des 7 royaumes voient d'un mauvais oeil l'esprit conquérant du sanguinaire chef des Qin. Ils décident d'envoyer leurs meilleures lames pour occire ce roi gênant. Parmi ces guerriers, trois lames brillantes du royaume de Zhao sortent du lot : Lame Brisée, Flocon de Neige et Ciel Etoilé.

Le genre du film, vous l'aurez deviné : un film de sabre chinois (Wu Xia Pian). Ces bretteurs extraordinaires s'affrontent tour à tour puis vient un quatrième larron, super héros qui les expédie en beauté ad-patrès : un inconnu surnommé "Sans Nom" (ça ne vous rappelle pas un certain film spagghetti de Tonino Valerii ?). Le roi des Qin ayant promis monts et merveilles à celui qui anéantirait les trois géants du sabre, il le reçoit en son palais et écoute son récit.


Le style : Onirique, symbolique, lyrique, flamboyant. C'est un tableau, que dis-je, c'est une fresque géante, à la fois impressionniste et surréaliste, monstrueuse de perfectionnisme esthétique. A quoi peut-on le comparer ? Mystère. Tout y est épuré et sublimé: les lignes, les tons. On nage de toile en toile, submergé par les touches de couleurs dominantes, ici du rouge et du noir s'affrontent, là du bleu nous rapproche d'un irréel céléste, du blanc nous envole dans un monde spirituel, là du vert se déchire pour annoncer un dénouement proche, là encore de l'or est soufflé par des feuilles d'automne dont les rafales éloignent et rapprochent des adversaires élégantes et aériennes... Il faut dire que le chef opérateur, Chris Doyle, est l'un des meilleurs ; il collabore, d'ailleurs, habituellement avec Wong Kar Wai.


Mon sentiment : Scotchée du début à la fin, on peut dire que j'ai été subjuguée par ce spectacle magnifique. Les envolées lyriques visuelles sont stupéfiantes. Lorsque je me suis installée devant mon petit écran, des milliers de flèches noires jaillissaient à l'intérieur d'un palais où sévissaient, imperturbables, quelques calligraphes maniant le pinceau comme un symbole et une respiration divine. Deux princes rouges de l'épée sortent et se battent contre le flot continu de ces flèches. Leur sabre seul les protège. Insensé ! Oui, c'est bien cela, toutes les situations sont paroxystiques et exagérées à un point où ne reste que le sens de l'image, la puissance de l'évocation et l'esthétique de tout cela. Les mouvements sont lestes et chorégraphiques, aériens et vitaux. C'est la nature tout entière qui se trouve concentrée dans le sabre-pinceau qui trace les lignes de vie ou de mort. Je serais assez tentée de lui donner 20/20...


J'ai sélectionné cet extrait pour la puissance métaphorique des combats et le parallèle entre le sabre trempé dans l'eau avec le pinceau trempé dans l'encre. Le visuel, avec les reflets des montagnes, est à couper le souffle.

mercredi 1 mai 2013

Beijing Coma

Dans la série lecture, je vous propose :

BEIJING COMA
de Ma Jian
aux Editions Flammarion
Traduction française : Constance de Saint-Mont
Illustration : Justin Guariglia/Getty Images/National Geographic
632 pages, 23 € (prix en 2010)


Résumé :

4 juin 1989. Printemps de Pékin. Des milliers d'étudiants occupent depuis un mois la Place Tiananmen, et parmi eux, Dai Wei. Quand un soldat lui tire une balle dans la tête, le plongeant dans un coma profond, son corps devient sa prison, mais son âme se souvient : la honte quand son père dissident revient des camps, ses premières amours contrariées, la conscience politique qui s'éveille... Lorsque Dai Wei sortira du coma une décennie plus tard, se reconnaîtra-t-il seulement dans cette Chine pétrie de contradictions ? Histoire, mémoire, liberté, Beijing Coma explore les pierres angulaires de la société - les droits fondamentaux sans lesquels l'être humain ne pourrait survivre. Le chef-d'oeuvre de Ma Jian, qu'il a mis dix ans à écire.

"Une fois par génération, un roman paraît qui remet profondément en question le regard que nous portons sur le monde et sur nous-mêmes. Beijing Coma est l'examen poétique non seulement d'un pays à un moment donné de son histoire mais du droit universel de se souvenir et d'espérer. C'est, à tous les points de vue, une oeuvre de fiction qui fera date."
Daily Telegraph

Ma Jian a quitté Beijing (Pékin) pour Hong Kong en 1987, peu avant que ses livres soient interdits en Chine, et vit aujourd'hui à Londres. Il a publié quatre livres en France, dont Nouilles chinoises (Flammarion, 2006) et Chemins de poussière rouge (Editions de l'aube, 2005), qui fustige l'autorité abusive et l'hypocrisie au pouvoir en Chine, lui valant ainsi l'admiration du prix Nobel Gao Xingjian qui voit en lui "une des voix les plus importantes et les plus courageuses de la littérature chinoise contemporaine".

Extrait :

"Bien que tes nerfs soient engourdis, tu sens le souvenir de l'amour qui vibre dans ton cerveau comme une pendule.
Cette nuit-là, je rêvai que Tian Yi accourait vers moi avec des larmes dans les yeux, me criant de m'échapper tandis que des soldats nous chargeaient depuis d'étroites ruelles. Dès que je me réveillai, je la cherchai. Je finis par la repérer, étendue sous la couette à fleurs dans un nouvel abri improvisé. Le sol était couvert de planches offertes par le gouvernement local.
Je traversai la foule de corps allongés pour m'asseoir à ses côtés. C'était le début de son cinqième jour de grève de la faim. Les étudiants en psychologie campaient près des étudiants en littérature chinoise, de sorte que Bai Ling et Han Dan étaient tous deux proches. Notre service d'ordre avait bien gardé le campement. Ils n'avaient laissé passer que quelques médecins en blouse blanche. La sirène des ambulances avait réveillé la plupart des grévistes, y compris Tian Yi.
Je regardai son visage blême et ses lèvres craquelées, et touchai ses mains glacées. Elle ne paraissait pas seulement vieille maintenant, elle avait l'air d'une mourante. Un vent froid soufflait dans l'aube blafarde."

Mon avis : Un livre original où s'entrechoquent l'onirique et la réalité. Une écriture franche qui vous emporte, avec des mots simples, dans les méandres du subconscient d'un étudiant meurtri, tombé dans le coma. Cette blessure a suivi l'arrivée des chars pour mater dans le sang les manifestants désarmés. On ressent la frustration qui gagne de page en page, face à un pouvoir crispé sur ses dogmes archaïques. Cet état n'est pas qu'intérieur : il fait écho à l'état d'avant la blessure, cet état de grâce qui nous porte avec ferveur vers un avenir meilleur, cet état d'inconscience qui nous mène à des actes incroyables. On voit se dérouler une période enthousiaste pour les étudiants place Tian an Men, où la soif de démocratie absolue aveugle jusqu'à faire fi de sa propre vie, pour le groupe. Ma Jian excelle dans ce va-et-vient entre entousiasme et désillusion, idéalisme et réalité. Un livre que je ne suis pas prête d'oublier.